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BARREAu PRATIQuE

journal du Barreau de Marseille

numéro 2 - 2015

14

A

ujourd’hui, le pre-

mier réflexe d’une

partie de nos clients

est de se tourner vers le Net

pour trouver une réponse à

leurs questions, et si le besoin

s’en fait sentir, pour y recher-

cher un avocat, souvent et

nous ne pouvons que le déplorer, à un moindre coût. Ce secteur de

l’intermédiation juridique suscite d’ailleurs la convoitise de certains

grands groupes. En même temps, la prestation juridique en ligne

constitue une activité à part entière de l’avocat régie par l’article

6.6 du RIN.

Dès lors que la participation d’avocats à ces sites est réelle et que

les conseils juridiques sont fournis par des avocats justifiant d’une

inscription à un barreau français, les services d’intermédiation pro-

posés par ces sites sont-ils véritablement préjudiciables à notre pro-

fession ? Nombre de confrères n’ont pas les moyens de se doter

d’une infrastructure dédiée qui leur assure une visibilité sur cette

« place de marché » incontournable qu’est devenu Internet.

La participation à ces sites peut toutefois donner lieu à de véritables

entorses à nos règles professionnelles et déontologiques (interdiction

du partage d’honoraires, respect du secret professionnel, gestion

des conflits d’intérêts, etc.) au détriment des ‘’internautes-usagers

du droit’’, ce qui est facteur d’insécurité juridique. Notre profession

ne peut pas non plus concevoir de laisser un agent économique

tiers capter la prestation d’avocat ou instrumentaliser son image

avec le risque de voir généraliser l’intermédiation ou le courtage

comme mode privilégié de contact avec l’avocat.

Fort de ce constat, le Conseil National des Barreaux a décidé de

lancer une étude en vue de la création d’un site internet ayant pour

finalité de permettre la délivrance de consultations juridiques à dis-

tance par les avocats. Il a été également donné mandat à la Com-

mission de l’exercice du droit à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir

depuis de nombreuses années, d’élaborer une véritable charte.

Notionde sitede tiers et typologiedes sites visés

On entend par sites de tiers, les sites internet édités et gérés par

des personnes n’appartenant pas à la profession d’avocat, le plus

souvent des sociétés commerciales, et qui proposent au grand public

les services de confrères qui y sont inscrits ou référencés. Les articles

54 et suivants de la loi du 31 décembre 1971 modifiée, réservent,

sous peine de sanctions pénales (aggravées par la loi du 17 mars

2014 relative à la consommation), l’activité de consultation juridique

et de rédaction d’actes sous seing privé pour autrui exercée à titre

habituel et rémunéré aux seuls professionnels du droit dont les

avocats (article 66 de la loi de 1971), ces derniers disposant également

d’un monopole restreint pour la représentation et l’assistance en

justice. (article 4 de la loi de 1971). La loi ne donnant aucune

définition de la consultation juridique, un flou subsiste exploité par

certains acteurs économiques qui proposent, sous couvert d’infor-

mation juridique qui elle est libre, de véritables services d’assistance

et de conseils juridiques délivrés par des non professionnels du droit

parallèlement à la mise en relation avec un avocat. Les confrères ne

doivent pas prêter leur concours à ces pratiques répréhensibles et

constitutives d’une concurrence déloyale.

Lanotionde sitede tiers est trèsdiverse

On distingue

les sites de référencement

d’avocats qui fonction-

nent comme des annuaires téléphoniques sur lesquels l’avocat va

afficher ses coordonnées, ses certificats de spécialisation ou ses

domaines de compétence. L’internaute contacte l’avocat de son

choix suivant des modalités prévues et une fois le contact établi,

l’avocat est supposé avoir une relation autonome avec son client.

La notion de référencement n’est pas toutefois sans ambigüité, dans

la mesure où elle suppose un choix préalable, un tri, voire une

recommandation entre plusieurs acteurs concurrents. Ce constat

renvoie au problème du référencement prioritaire qui, par certains

aspects, porte atteinte à l’égalité des avocats.

Les sites d’intermédiation et de courtage juridique

proposent

aux internautes de les mettre en rapport avec des confrères suscep-

tibles de répondre à leurs questions. Le principal écueil réside dans

un risque d’ingérence de l’éditeur du site dans la relation entre le

Philippe AMRAM

INTERNET, ouTIL INDISPENSABLE

àMANIERAVECPRéCAuTIoN

L’évolution des comportements des usagers du droit et l’importance prise par les

nouvelles technologies de l’information dans la pratique professionnelle

commandent de préciser ou de repréciser les conditions d’intervention des

avocats sur des sites qui, sous des modalités très diverses, prétendent servir

d’intermédiaire entre le client et l’avocat.