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LE BARREAU DE MARSEILLE

À L’ASSAUT DE LA GRANDE

MURAILLE

Journal du Barreau de Marseille

numéro 2 - 2017

17

E

n septembre 2013, quelques mois après son intronisa-

tion, le nouveau chef de l’Etat chinois XI Jinping a dé-

voilé la nouvelle stratégie de la 2e puissance

économique mondiale. Résumée dans la formule "One

belt – One road", cette stratégie des "Nouvelles routes de la Soie"

vise à réaffirmer la dimension continentale et eurasiatique de la

puissance commerciale chinoise au moment où le pays fait face à

des transformations économiques et sociales de grande ampleur.

ÉTENDRE ET DIVERSIfiER LA PRÉSENCE CHINOISE HORS

DE CHINE

Pour appuyer l’essor des échanges entre l’Europe et la Chine,

Pékin ambitionne dans les années à venir de réaliser sur l’ensem-

ble du continent eurasiatique d’importants réseaux d’infrastruc-

tures et d’accroitre sa présence capitalistique dans le tissu

économique local, en Asie centrale, au Moyen Orient et en Eu-

rope. Après deux décennies durant lesquelles la Chine a massive-

ment accueilli les sociétés étrangères sur son territoire, la nouvelle

stratégie du pays est donc aujourd’hui d’étendre et de diversifier

sa présence à l’étranger. Les récentes prises de participations

spectaculaires de fonds chinois au capital de fleurons industriels

européens illustrent cette nouvelle ambition. Or, si la France oc-

cupe traditionnellement une place de choix dans les relations

sino-européennes, la stratégie des nouvelles routes de la soie ap-

paraît néanmoins centrée sur le cœur du continent européen, no-

tamment l’Allemagne et le Benelux, marginalisant quelque peu

l’Hexagone dans cette expansion chinoise hors de Chine et des

opportunités qui l’accompagnent.

UN RÔLE MAJEUR À JOUER

Du fait de l’importance de ses infrastructures portuaires et logis-

tiques et de l’ancienneté de ses relations commerciales avec l’Ex-

trême orient, Marseille a pourtant un rôle majeur à jouer dans les

années à venir. Assise sur le backbone de l’Internet transcontinen-

tal, notre région accueille déjà quelques groupes de l’empire du

Milieu, et le positionnement de Marseille, au carrefour de routes

commerciales majeures suscite un intérêt stratégique croissant

pour la Chine. Pour notre barreau, les opportunités de développe-

ment sont donc importantes à mesure que les relations sino-mar-

seillaises s’affirmeront au cours des années à venir. L’implantation

prochaine du "Marseille International Fashion Center 68" (MIFC)

aux pieds du centre commercial Grand Littoral symbolise ainsi la

place de choix de Marseille dans les stratégies commerciales de la

Chine en Méditerranée. Le MIFC, qui regroupera les grossistes

textiles du centre-ville rejoints par plusieurs acteurs du secteur

s’annonce d’ores et déjà comme un des principaux centres du

commerce textile en Europe.

INTÉRÊT STRATÉGIQUE

Mme Gao Yuanyuan, Ministre conseillère aux affaires écono-

miques et commerciales de l’ambassade de Chine en France, a

été invitée par le bâtonnier à rencontrer des entrepreneurs et des

représentants institutionnels du territoire, ce qui illustre également

l’intérêt stratégique que revêt notre ville pour le commerce sino-

européen. Car au-delà du déséquilibre qu’accuse depuis

quelques années la balance des échanges franco-chinois, notre

région apparait pour beaucoup de décideurs chinois un concen-

tré des avantages comparatifs et du savoir-faire français, ainsi

qu’un lieu particulièrement propice au développement des sec-

teurs jugés prioritaires par les autorités chinoises. De fait, qu’il

s’agisse d’investissements dans les secteurs du tourisme, des ser-

vices à la personne, de la "silver economy", les infrastructures de

sport et de loisirs, les vins et spiritueux, dans les industries de

pointe, Marseille et sa région offrent aux investisseurs chinois des

débouchés de choix et de grandes opportunités pour réaliser des

joint-ventures et des partenariats avec des sociétés locales. L’ex-

pertise juridique et la connaissance du terrain et du tissu socio-

économique local qu’ont les avocats du barreau de Marseille sont

autant de garanties de sécurisation et de rationalisation des inves-

tissements pour les groupes s’intéressant à la région. En outre, l’in-

tensification des relations entre Marseille et Shanghai, dont les

villes et les barreaux sont jumelés respectivement depuis 1987 et

2004, doit permettre à terme de faire de Marseille le point d’an-

crage des relations franco-chinoises.

INTERNATIONAL

Le barreau de Marseille a noué un lien privilégié avec la Fondation

Prospective et Innovation. j’ai été invité, en ma qualité de 1er lauréat, à

Pékin et à Shanghai du 18 au 25 mars dernier. L’occasion de participer à

une série de rencontres et de tables rondes avec des décideurs

économiques et institutionnels locaux et de mieux cerner les mutations

profondes à l’œuvre actuellement en Chine. L’occasion surtout, de rappeler

le rôle des avocats dans les relations commerciales et la place centrale de

Marseille en Méditerranée, à l’heure d’une redéfinition profonde des

stratégies commerciales et diplomatiques entre l’Europe et la Chine.

PAR PIERRE LE BELLER