Journal du Barreau de Marseille
numéro 4 - 2016
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Pourquoi une déclaration universelle des droits de
l'humanité ?
La question est posée pour le climat, mais pour beaucoup le
sujet est en fait la question de la responsabilité collective d'une
génération. Aujourd'hui il n'y a pas de texte global qui traite de
ce sujet : il existe dans le droit international déjà des disposi-
tions qui concernent les droits de l'humanité, mais il n'existe rien
qui regroupe dans un document simple les droits et surtout les
devoirs de l'humanité. L'idée a été de proposer un document
de ce genre au moment de la COP21 et maintenant le texte a
été déposé par les soins du Président de la République à l'ONU
au mois d'avril 2016. Je serai avec mon ami Nicolas Imbert au
sommet des Consciences à Fès dans 8 jours pour la présenter
dans ce cadre-là et en avant-première de la COP22.
La Déclaration des droits de l'homme est-elle incomplète ?
Elle n'est pas incomplète. La Déclaration des droits de l'homme
concerne de manière complète tout ce qui a trait aux droits des
humains, de chaque individu, autour de la liberté, de l'intégrité
de la personne, de la liberté sous toutes ses formes. Ce dont
nous parlons là est différent. Nous raisonnons en termes collec-
tifs et par voie de conséquence, la Déclaration des droits de
l'humanité ne retire évidemment rien à la Déclaration des droits
de l'homme, qui plus que jamais est indispensable. Elle ajoute,
en ayant une perspective de long terme - notamment pour les
générations futures, mais pas seulement - et en créant des de-
voirs à la charge des générations présentes à l'égard des géné-
rations futures, mais aussi pour une part à l'égard des
générations passées. Pourquoi ? Tout simplement parce que le
groupe de travail auquel Nicolas Imbert participait a considéré
que l'humanité était la chaine des générations et pas seulement
en commençant par la nôtre. Que les générations passées nous
avaient légué un patrimoine de très grande valeur et que
quelque part il fallait le reconnaitre une forme de droit à la sau-
vegarde de ce patrimoine. C'est la raison pour laquelle nous
avons défini l'humanité dans le temps, dans la chaine de géné-
rations.
Comment lutter contre le gaspillage quand on est un État ?
Quand on est un État, on peut faire beaucoup de choses. Amon
sens, le plus difficile n'est pas tant la compétence que la volonté.
Alors certes, on peut dire qu'aujourd'hui on vit dans une société
mondialisée, que tout est très difficile, c'est vrai, mais parfois ce
sont des États pas très grands qui prennent des initiatives impor-
tantes. Aujourd'hui un traité aussi important que le CETA, auquel
personnellement je suis totalement opposée, c'est une petite ré-
gion, laWallonie, qui a bloqué tout le système. Donc, si les États
considéraient que la question du gaspillage est une question
prioritaire, elle serait réglée, à mon avis, assez rapidement. Sauf
que ce n'est pas une question prioritaire. Et puis il y a beaucoup
d'intérêts économiques qui font qu'on n'a pas trop envie de lut-
ter contre le gaspillage.
Il y a une voie qu'il faut entendre dans le concept des États et qui
est importante, c'est celle des peuples traditionnels et des petits
États du Pacifique Sud. Eux ont compris, à travers la Déclaration
des droits de l'humanité, dès le printemps 2016,
toute l'importance que cette déclaration avait, à
la fois par rapport à leur mode de pensée et à
leur mode de survie comme société tradition-
nelle, mais aussi sur ce que ça supposait en
termes d'instruments innovants de droit dans le
concept des États qui aussi vis-à-vis d'entre-
prises ou vis-à-vis d'organisations qui peuvent
avoir des intérêts sur le sujet.
Il y a une autre initiative qui a été mise en place
pour lutter contre le gaspillage et qui en a re-
joint d'autres au niveau territorial, c'est l'écono-
mie circulaire. On s'est mis à réutiliser ce mot
magique qui vient avec une notion très positive
et qui finalement nous dit : on vit en harmonie
avec la planète.
RENCONTRE AVEC
CORINNE LEPAGE,
Ancien Ministre de l’environnement, avocat spécialisé au barreau de Paris
Le barreau de Marseille, engagé sur les questions environ-nementales, a invité le 25 octobre 2016
notre confrère Corinne Lepage, ancien ministre de l’Environnement, à présenter la Déclaration
universelle des droits de l'humanité, quelques semaines avant la COP22 de Marrakech.
VOTRE BARREAU
Conférence du 25 octobre 2016