journal du Barreau de Marseille
numéro 2 - 2015
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O
n doit le palais Mon-
thyon à un avocat
toulonnais… Voilà
qui est surprenant. Pourtant,
Jean François HONNORAT
avant de mener une carrière
de négociant au sein de notre
ville puis d’être maire de celle-ci entre 1855 et 1859, fut bel et bien
avocat dans sa jeunesse, inscrit au barreau de Toulon. Il est vrai que
l’histoire retient plus son action de grand aménageur du Marseille
de la deuxième moitié du XIXe siècle que son passage au barreau.
On lui doit notamment les travaux des docks, la création du cimetière
Saint Pierre, la colline Puget, mais aussi, et surtout pour ce qui nous
concerne, le palais Monthyon. Cela faisait déjà une vingtaine d’années
que le vieux palais Daviel situé entre la mairie et les Accoules était
devenu de l’avis de tous, magistrats, avocats et autorités civiles, trop
exigu et peu pratique d’utilisation. Devenu maire en 1855, Jean Fran-
çois HONNORAT était-il plus sensible que d’autres à cette difficulté
du fait de sa jeunesse passée sous la robe ? Toujours est-il que le 23
août 1855, le conseil municipal votait le principe de la construction
d’un nouveau palais dont l’implantation navigua au fil des projets
et des budgets entre l’actuel centre Bourse, la place Jean Guin (ancien
quartier Saint Martin détruit au moment du percement de l’actuelle
rue Colbert) et le cours Belsunce. Le conseil général, alors ultime
décisionnaire comme ordonnateur des dépenses, penchait lui pour
une solution moins onéreuse et fit donc pression sur le conseil muni-
cipal pour trouver des terrains municipaux libres à transférer gratui-
tement au département, réduisant d’autant le coût de l’opération.
Le 7 août 1856 au terme de longs débats, le conseil municipal sous
la présidence du maire Jean François HONNORAT acceptait le projet
de palais de justice sur la place Monthyon emportant rétrocession à
titre gratuit de ladite place au département.
Le financement et les plans furent finalisés rapidement. La construction
commença en 1858 pour s’achever 4 années plus tard. L’édifice de 57
mètres de longueur pour 54 de largeur offrait aux yeux de tous, le
classicisme d’une architecture judiciaire caractéristique d’une époque.
Bertrand de Haut de Sigy
Au terme d’une rénovation de 21 mois très exactement, le palais Monthyon,
superbe et lumineux, a rouvert début mai. Il accueille désormais, outre le
Tribunal d’Instance, différents services et chambres du Tribunal de Grande
Instance (voir encadré). Cette inauguration est l’occasion de remonter le temps
pour une évocation d’un palais qui supporterait peut-être le surnom de palais
des vertus.
PALAISMoNTHYoN,
PALAISDESVERTuS?