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REFORMES TOUT GENRE

Supplément au Journal du barreau de Marseille numéro 3‐2015 

5

CONCLUSION 

Le premier constat que nous pouvons faire est que la 

loi participe à l’affaiblissement du rôle du droit pénal 

du travail qui passe par la réduction des 

condamnations encoures en cas d’entrave au prétexte 

que les condamnations fortes n’étaient jamais 

prononcées. De mon point de vue c’est sans doute la 

disposition la plus symbolique de la loi, car elle fait 

perdre le caractère pédagogique qu’implique la 

sanction pénale en estimant que c’est moins grave 

aujourd’hui 

qu’hier 

de 

porter 

atteinte 

au 

fonctionnement 

régulier 

des 

instances 

de 

représentation du personnel. 

L’ensemble du droit du travail fait aujourd’hui l’objet 

d’une remise en cause qui devrait se traduire dans les 

mois qui viennent par de nouvelles dispositions légales 

qui se dessineront à la suite de la publication, au cours 

du mois de septembre, du rapport Combrexelle et qui 

composeront certainement l’acte final de la grande 

réforme du droit du travail débutée par le 

gouvernement lors de l’annonce du Pacte national pour 

la croissance, la compétitivité et l’emploi le 6 novembre 

2012. Cette première étape comprenait notamment la 

création du crédit d’impôt pour la compétitivité et 

l’emploi (CICE) entré en vigueur le 11e janvier 2013, 

elle a immédiatement été suivie de l’Accord National 

Interprofessionnel (ANI) validé par la loi sur la 

sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 et qui 

concernait principalement le droit du licenciement 

collectif.  

La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des 

chances économiques constitue la troisième étape de 

ce mouvement qui s’est encore accéléré avec la loi 

relative au dialogue social et à l’emploi dite loi 

« Rebsamen » du 17 aout 2015 qui réforme en 

profondeur le droit de la négociation collective.  

La dernière étape devrait intervenir à la fin de l’année 

lorsque le gouvernement sous l’impulsion du rapport 

Combrexelle devrait revoir complètement la place des 

accords collectifs dans le droit social et « simplifier le 

Code du travail ».  

Le plus curieux et sans doute le plus scandaleux dans 

cette évolution est qu’elle part de présupposés 

qu’aucune étude scientifique n’a validés. Le Code du 

travail est présenté comme étant illisible ce qui n’est 

jamais dit pour le droit fiscal, commercial ou civil… La 

protection qu’est censé apporter le droit du travail à la 

partie subordonnée, en l’espèce le salarié, est à un 

tournant de son histoire. C’est sans doute la 

conséquence du caractère massif du chômage qui a 

pour effet de modifier la perception de la règle de 

droit, vue comme facteur d’empêchement de recruter, 

là encore aucune étude sérieuse n’établit de lien entre 

une règle protectrice et le fait que cette règle serait un 

des facteurs explicatifs du chômage de masse. 

Souvenons‐nous que la suppression de l’autorisation 

administrative de licenciement pour motif économique 

individuel était censée créer des centaines de milliers 

d’emplois dont on attend toujours la création.

Bibliographie :  

Décision du Conseil Constitutionnel n° 2015‐715 ‐ DC du 5 aout 2015 

Robert Badinter et Antoine Lyon‐Caen  ‐ 

Le travail et la loi

 ‐  Fayard 

Pascal Lokiec ‐ 

Il faut sauver le droit du travail !

 ‐  Odile Jacob  

Jacques Barthélemy et Gilbert Cette ‐ Rapport pour Terra Nova ‐ Odile Jacob  

Daniel Boulmier ‐ 

Le volet prud’homal du projet de loi Macron…

 ‐ Droit Social 2015 p 430 

Institut Montaigne ‐ S

auver le dialogue social

  ‐ Rapport  

Jean – Denis Combrexelle ‐ La négociation collective, le travail et l’emploi ‐ Rapport