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aide-mémoire intitulé « Un passé révolu » relatant quelques anecdotes du siècle dernier illustrant avec évidence les us et coutumes de la profession. Elles tendent à confirmer les rapports humains, simples et directs qui existaient entre les membres de la famille judiciaire (avocats et magistrats). Lors de mon admission en qualité d’avocat au barreau de Marseille, en 1947, nous étions moins de 300. Nous n’imaginions pas (dans nos visions les plus futuristes) qu’un jour l’intelligence artificielle permettrait la création d’avocats et magistrats robots. Comme je vous le disais, nos relations avec les magistrats étaient simples, humaines et directes. En 1989, Monsieur Jean-Claude Cohade a été élu président du tribunal de commerce. Je suis allé le voir, et lui ai déclaré : « Vous venez d’être investi d’un pouvoir aussi provisoire que dérisoire, j’espère que l’homme en vous n’a pas été tué. ». Il m’a répondu : « Ne vous inquiétez pas, la difficulté de la tâche m’incite à l’humilité. ». Se tournant vers les juges, lors de l’audience solennelle d’ouverture de l’année judicaire, il leur a déclaré citant Montaigne : « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Je vous invite donc à accomplir votre mission avec conscience, humilité et modestie ». A l’issue de cette cérémonie, le président m’a interpellé : « Vous êtes content ? » Je lui ai répondu : « Pas tout à fait.» Le bâtonnier Bollet, en quelques mots vous a demandé de faire appliquer le règlement avec souplesse. Vous avez répondu : « Je n’ai pas votre talent oratoire, je vais vous lire mon texte. » Votre exposé était remarquable. Je vous reproche donc une humilité condescendante. ». En introduction à son discours à l’audience solennelle de l’année [ L’oralité des débats sera un jour qualifié de légende�

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