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DOSSIER 33 | JDB MARSEILLE 2 / 2023 exercer quand on aura prêté serment ne sera pas, à mon sens, le même que celui exercé par nos prédécesseurs. Ce n’est pas négatif et ça n’enlève rien à l’enthousiasme d’embrasser la profession. M ais il y a également une certaine vigilance et la pleine conscience qu’il faudra s’adapter et se poser des questions si l’on souhaite que l’avocat reste une valeur ajoutée, un professionnel de haut niveau, identifié comme tel par les clients, un professionnel à part dans le « marché du droit ». Quels conseils donneriez-vous à des futurs confrères qui ne vont pas tarder à entrer dans la profession ? Alain Provansal : Soyez vous-mêmes. U tilisez vos facultés. Pour compléter ce que j’ai dit tout à l’heure sur la question de l’évolution de la profession, j’ai oublié de parler de la spécialisation. A force de spécialisation on ne regarde plus ce qu’il y a autour. Personnellement, ce que je trouve extrêmement intéressant, difficile - mais les gens ont beaucoup de compétences - c’est la transversalité des savoirs. Q uand vous exercez une matière à fond, si vous voulez rendre service à vos clients, il faut aussi savoir ce qu’il y a autour, les matières voisines. D ésormais le concurrent ce n’est plus le notaire, l’expert-comptable ou l’avocat sans diplô mes – on en a connu quelques-uns – mais la technologie. N otamment ce que l’on nomme l’intelligence artificielle mais qui est en réalité une mémoire artificielle puisqu’il s’agit d’un super calculateur. C’est un outil d’aide. Contrairement aux gens qui disent qu’on n’aura plus besoin d’avocats parce qu’il y aura Chat G PT , je suis convaincu que c’est l’inverse : parce qu’il y a Chat G PT on a besoin d’avocats. Il faut toujours dans une action humaine un contrô leur et dans une action artificielle, il en faudrait presque deux. D onc spécialisez -vous, mais en gardant un œ il sur les autres matières qui peuvent interférer sur vos spécialités. F ormez -vous en permanence. Enfin soyez les meilleurs. Il faut savoir être un entrepreneur, c’est un tiers du temps et ça fait peut-être peur. M ais il ne faut pas avoir peur. C’est un métier extraordinaire. Ex-tra-ordi-naire. T rès difficile. M ais c’est le challenge. S y lvie Campocasso : Soyez vousmême. [Ndr : Sylvie Campocasso et Alain Provansal n’ont pas été interviewés en même temps et n’ont pas pris connaissance des réponses données par l’autre avant de répondre]. N e vous laissez pas troubler par le regard des autres. L’une des richesses majeures de notre barreau est sa diversité. Sa diversité dans les personnalités, dans les cultures, dans les horiz ons sociaux différents. C’est tout cela notre barreau. Q uand on est jeune avocat, peut-être qu’on peut avoir l’inquiétude de la manière dont l’on va être perçu. C’est en ce sens que je dis « soyez-vous-même ». F aites, dans la mesure du possible, ce que vous voulez faire. F aites-le avec rigueur, avec conscience et n’oubliez jamais les termes du serment qui contiennent tout ce que la profession doit être. Alors ? C’était mieux avant ? Alain Povansal : J e pense que les gens qui disent ça sont des imbéciles et j’ai horreur des imbéciles. J e suis un intolérant, ma femme me le reproche parce qu’elle est toujours bienveillante. Parce qu’à ce moment-là, je connais aussi des cavernes et des silex et là c’était beaucoup mieux. U ne peau de bête, un fruit cueilli dans l’arbre, une lance mal taillée. C’est ça le « c’était mieux avant ». J e pense que tout se complexifie mais que l’intelligence humaine est capable et que la profession d’avocat a un grand avenir. C’est mieux maintenant [tape sur la table] et ce sera peut-être mieux demain. S y lvie Campocasso : N on, ce n’était pas mieux avant. C’était différent. D ’ailleurs on parle d’« avant » mais en 43 ans j’en ai vu bouger des choses. « Avant » ne constitue pas un tout unique. Chaque jour a été un avant, qui est devenu un après. J e pense que la profession vit une profonde mutation en raison des évolutions technologiques, de l’intelligence artificielle effectivement, d’internet. Les clients arrivent désormais dans notre cabinet en ayant déjà cherché sur internet. Ç a modifie considérablement la pratique professionnelle et la garantie de notre technicité comme étant la réelle plus-value de l’avocat. Il vous appartient à vous, élèves-avocats et jeunes confrères, de vous montrer à la hauteur, de vous former, de vous spécialiser. J e pense qu’aujourd’hui, en raison de l’inflation législative, il est indispensable de se spécialiser. N on, ce n’était pas mieux avant, c’était différent. D ’ailleurs, une des choses qui m’a beaucoup intéressée dans la profession, c’est son évolution justement et la manière de s’y adapter. M oi par exemple, j’ai apprécié le RPV A. J e fais partie des rares personnes de ma génération à avoir trouvé cela utile. Pour remonter plus loin, quand j’ai commencé, on dictait, très peu de personnes tapaient. J e me suis rapidement acheté un petit ordinateur, enfin un gros à l’époque. A la fin de ma carrière, j’aurais été incapable de dicter un jeu de conclusions parce que je m' étais adpatée à la technique et en tirais profit. Si vraiment on aime cette profession, si vraiment on souhaite rester bon tant qu’on le peut, il faut s’adapter. Et ça, je trouve ça réellement intéressant. D ’ailleurs, quand je parlais de transmission tout à l’heure, je ne parlais pas de ceux qui croient que c’était mieux avant. Ceux qui croient que c’était mieux avant, qu’est-ce qu’ils vont transmettre ? Q ue c’était mieux avant ? Q uel intérêt ? D emain est le prochain "avant" ... Et je suis convaincue que les nouvelles générations y sont prêtes. [ N e vous laissez pas troubler par le regard des autres. L’une des rich esses maj eures de notre barreau est sa diversité. S a diversité dans les personnalités, dans les cultures, dans les h oriz ons sociaux dif f érents. ] S Y LV IE CAM PO CAS S O

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