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DOSSIER 32 | JDB MARSEILLE 2 / 2023 techniques et administratives on peut effectivement y trouver des avantages, notamment financiers. M ais je trouve qu’à M arseille à l’heure actuelle, malgré tout, les juridictions sont assez regroupées finalement. Le tribunal à Autran, le Palais M ontyon, le commerce, sont regroupés. On a désormais le site de D elanglade qui est à quelques pas, la Cour administrative d’Appel à cô té de la préfecture. Le tribunal administratif était implanté rue Breteuil et a été déplacé. Peut-être qu’on avait déjà une citée judiciaire « urbaine» en réalité. T out était relativement regroupé sur quelques rues. S y lvie Campocasso : J e suis très favorable à l’existence de cités judiciaires, pour les raisons économiques qu’évoque F lorent et parce que ça permet à tous les avocats, quelle que soit leur pratique, de se rencontrer, si l’édifice est ingénieusement conçu. La difficulté que je vois est architecturale justement. J e pense que le ministère est assez peu concerné par nos points de vue et nos besoins (avoir des espaces de convivialité, des endroits pour travailler, une belle salle des pas perdus). Concernant Arenc je suis partagée. Il y a une dynamique économique certaine induite par la présence des avocats au centre-ville et c’est évidemment une vraie question que celles des répercussions de notre départ du centre-ville. Par ailleurs, je crains que l' on ait assez peu de chance, compte-tenu des problèmes d’emprise foncière, d’avoir une cité judiciaire au centre-ville… Alain Provansal : Il y a deux points de vue : celui de la facilité de l’exercice de la juridiction par le regroupement des juridictions en un même lieu et celui de ceux qui considèrent que la cité judiciaire doit être au cœ ur de la ville parce que la justice doit toujours être au cœ ur de la ville. Le débat a déjà eu lieu à Paris, il a été perdu. Le débat a lieu à M arseille, à mon avis il est perdu d’avance. Personnellement, je suis contre l’implantation de la cité judiciaire à la J oliette, d’autant plus que, n’en déplaise à la Chancellerie, la solution au centre-ville peut être conservée. En dehors des questions géographiques, le principal problème de ce type de citées judiciaires est que l’architecture de l’édifice est prévue avec une partie double : une partie magistrat et une partie avocats-justiciables, comme c’est le cas dans le projet de Lille et comme c’est le cas à Paris. Ç a on n’en veut pas. Or, c’est ça qu’ils vont faire. Quel a été pour vous le changement le plus important dans la profession depuis que vous avez prêté serment ? Alain Provansal : L’abus de réformes successives inutiles, notamment en procédure civile qui est ma spécialité. Les rapports avec les magistrats ont également énormément changé, se sont dégradés. Il y a aussi, malgré le sentiment qui vient d’être exprimé par les élèves avocats, une certaine diminution de la confraternité en raison de l’augmentation du nombre d’avocats. Le rétrécissement de l’oralité des débats en justice civile alors qu’au contraire la justice administrative, où l’on ne plaidait jamais, a réintroduit les débats au Conseil d’É tat et dans les tribunaux administratifs. S y lvie Campocasso : Pour en retenir un, que je trouve très marquant et pour lequel j’étais très favorable, même si je pense qu’on n’a pas su en tirer bénéfice, notamment sur le plan économique, c’est la fusion des avocats avec les conseils juridiques. J e pense que c’est très important d’avoir une profession juridique unique, puissante, avec une déontologie commune. D ’ailleurs très rapidement, l’état concurrentiel qui existait entre les anciens conseils juridiques et les avocats a diminué car chacun a compris ce que l’autre pouvait lui apporter. A quelques mois de votre entrée dans la profession, quel regard portez-vous sur la profession, quel est votre état d’esprit ? Léa F rancesch i : U n sentiment de hâ te. C’est vrai que c’est le résultat du travail que l’on a fourni pendant toutes ces années. Après, personnellement, ce n’est pas sans craintes non plus. On est préparé mais on va se retrouver à exercer avec le titre d’avocat, ce qui engendre un certain poids sur nos épaules et de nombreuses responsabilités. Il va falloir que l’on s’habitue à notre nouveau rô le. Avec la conscience que c’est une profession difficile. F lorent O liver : J ’ai hâ te également. C’est vrai que la période d’école dure deux ans. M ais la profession est difficile et on le sait. On en a conscience, on nous a prévenu à l’école, en stage… C’est difficile d’être un bon technicien, un bon chef d’entreprise, éventuellement un bon « manager » quand on dirige une structure. Il faut avoir une palette de compétences assez étendue. J e pense d’ailleurs que dans les années à venir, la profession évoluera nécessairement, avec la concurrence d’internet, de l’intelligence artificielle... Il s’agit d’une forme de concurrence qui n’était peut-être pas aussi développée jusqu’à maintenant. N otre génération devra s’adapter, apporter quelque chose de nouveau, d’où l’intérêt de la formation et d’être en phase avec son époque. Le métier que l’on va [ Il f aut avoir une palette de compétences assez étendue. J e pense d’ailleurs que dans les années à venir, la prof ession évoluera nécessairement, avec la concurrence d’internet, de l’intelligence artif icielle... Il s’agit d’une f orme de concurrence qui n’était peutê tre pas aussi développée j usqu’à maintenant. ] F LO REN T O LIV ER

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