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34 | JDB MARSEILLE 1 / 2023 MORT DE PEINE Rémi de GAULLE - Éditions LE POISSON VOLANT Le bâtonnier Florens est mort. C’était un homme brillant, original et secret. Même ses proches le connaissait mal. Il a, contre tous les usages, confié la charge de son oraison funèbre à son ami le juge Carrouge. Oui, mais à condition que celui-ci - dans les trois jours qui le sépare des funérailles - lise, et dans l’ordre dans lequel elles lui ont été remises par le notaire, les enveloppes scellées laissées à son intention par le bâtonnier Florens quelques temps avant sa mort. Le juge Carrouge, qui avait noué avec le bâtonnier Florens les liens d’une amitié riche et durable, autour de conversations partagées, va de surprise en surprise à la lecture des documents qu’il a reçus. Qui était le bâtonnier Florens qu’il croyait connaître ? Cette lecture obligée, dans le court délai qui lui est imparti, questionne ses certitudes. Vérité ou affabulations ? Vous le saurez en lisant ce subtil roman de notre confrère Rémi de Gaulle, avocat honoraire du barreau d’Aix-en-Provence qui nous parle avec finesse des tourments de l’âme humaine, ses incertitudes, ses fragilités, et nous interroge sur le sens de la vérité. Rémi de Gaulle utilise sans ostentation sa grande culture pour nous livrer, dans cet ouvrage qui se lit comme un polar, une bien jolie réflexion sur la nature humaine et je vous invite à le découvrir sans tarder. TRAITÉ SUR L’INTOLÉRANCE Richard MALKA - Éditions GRASSET Plaider, défendre la liberté jusqu’à son dernier souffle, plaider encore. À quoi bon ? Tout a déjà été dit. Richard Malka ne se répète pas. Il va donc, pour ce procès en appel de l’attentat de Charlie Hebdo, engager d’érudites recherches pour dénoncer ce qu’il tient pour l’origine même de la tragédie, ou plutôt des tragédies de 2015, la religion. Et ce sera la structure de sa plaidoirie : démontrer comment la religion - en l’occurrence la religion musulmane, puisque les frères Kouachi sont entrés dans les locaux de Charlie en annonçant qu’ils venaient venger le Prophète – va, dans ses dévoiements, fonder la barbarie. Ainsi le mobile des crimes est explicite : le respect du Coran, et la vengeance du Prophète. Oui, mais quel Coran ? Se livrant à une exégèse remarquable, Richard Malka rappelle qu’il existe, depuis l’origine deux visions opposées de l’Islam. L’une – le Coran de la Mecque - porteuse d’un discours libéral et universaliste, est attachée à la raison, au savoir, à la connaissance et à la liberté de l’homme. L’autre – le Coran de Médine – texte de gouvernement, fonde le courant littéraliste qui, pensant que le Coran est incréé et constitué des paroles de Dieu lui-même et non de son prophète, insusceptibles de modification ou d’adaptation, exige la soumission et l’obéissance excluant tout recours à la raison. C’est le courant des fondamentalistes, l’islam radical responsable des attentats. La controverse qui oppose ces deux courants demeure et Richard Malka en développe les épisodes historiques depuis l’origine. S’appuyant sur une documentation très étayée de grands spécialistes, il démontre l’inanité de l’interprétation aujourd’hui soutenue par les wahhabites et les salafistes, et souligne qu’ils « se réfèrent à un monde et à un texte qui n’existent que dans leurs fantasmes » un monde dans lequel la liberté d’expression est devenue leur cible car elle est l’arme la plus redoutable contre le fanatisme. « L’interprétation, la critique et même l’humour grinçant de Charlie Hebdo, sont une nécessité vitale pour les religions elles-mêmes et surtout pour les hommes » écrit-il. Défendre notre liberté d’expression, notre droit de rire de tout, est plus important que jamais et c’est le devoir de tous, universitaires, intellectuels, artistes, théologiens, juges, journalistes, autorités politiques. La lecture de ce livre nous incite à tous nous battre pour « que l’on en finisse avec l’obligation de respecter les religions », pour que triomphe l’humanisme universaliste qui fonde la tolérance et le respect de chacun. Nous devons tous nous battre pour faire cesser la barbarie, et comme Richard Malka l’a dit dans une récente émission télévisée, pouvoir « rester toujours joyeux ». UNE RUBRIQUE DE ME SYLVIE CAMPOCASSO CULTURE / LA PLUME & LA ROBE

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