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Bonjour André, Peux-tu nous rappeler tes débuts dans notre profession? André Floiras : J’ai prêté serment le 22 novembre 1976 à vingt et un ans et quatre jours. A cette époque il y avait moins de 400 avocats inscrits au barreau. Et cette année-là, notre promotion ne comptait pas moins de 35 nouveaux confrères… pour tout le Sud-Est. Ce qui était compliqué pour tout le monde, car autant d’avocats cela ne s’était jamais vu auparavant. A cette époque on était payé « avec un lance-pierre » ; certains collaborateurs n’étaient pas payés, mais moi j’avais la chance d’avoir 800 francs (120 euros pour ceux qui n’ont pas connus).Avec un loyer de 1200 francs, cela ne faisait pas beaucoup. J’ai heureusement pu compter sur mon épouse, sinon je n’aurais pas pu poursuivre ce métier. Les commissions d’office existaient déjà, mais elles n’étaient pas rétribuées (« c’était gratos »). J’arrivais régulièrement à en obtenir, et très vite je me suis retrouvé à plaider trois à quatre fois par jour en correctionnelle. Puis quelques semaines après ma prestation de serment, mon maître de stage, Jean-Michel Bottai, s’est lancé dans la campagne électorale des élections municipales de Miramas. Il m’a alors demandé de m’occuper de ses dossiers, en précisant que je pouvais me rapprocher de son père en cas de difficulté. Je me voyais mal embêter un « ponte » comme Raoul Bottai, alors ces premiers mois ont été particulièrement formateurs. J’ai fini par m’installer assez rapidement, après deux ans et demi d’exercice. Si tu devais nous raconter un de tes premiers souvenirs de barre, ce serait lequel ? Sans hésitation, une anecdote que j’ai peut-être déjà racontée à certains d’entre vous. C’étaient mes premières assises avec mon maître de stage. Nous étions partie-civile, et Maître Emile Pollak se trouvait en défense. En plein procès mon maître de stage décide de rentrer au cabinet en me laissant seul, prétextant que je connaissais bien le dossier. A cette époque les avocats des parties civiles et ceux de la défense se trouvaient sur le même banc, parce qu’en face il y avait la presse. Après avoir posé une question, je me rappelle avoir ordonné à Emile Pollak de se taire lorsque je prenais la parole (nos lecteurs comprendront que nous ne pouvons retranscrire l’exactitude des propos tenus). Puis je le vois se retourner vers moi et me dire « Bien joué petit ! ». A la fin du procès il vient vers moi avec une cohorte de journalistes et me demande de lui rappeler mon nom. Il se HISTOIRE ET MÉMOIRE DU BARREAU Entretienavec ANDRÉ FLOIRAS 48 | JDB MARSEILLE 1 / 2022 PROPOS RECUEILLIS PAR MES JULIE GAUTIER, KEVIN LEFEBVRE-GOIRAND ET JEAN-BAPTISTE BLANC Pour ce nouveau numéro, le Journal du barreau est allé à la rencontre de Maître André Floiras, un tout jeune avocat … honoraire. En raccrochant la robe le 31 décembre 2020, après plus de 44 années de barre, nous lui avons demandé de se remémorer ses plus grands souvenirs, mais également de nous parler de son métier d’avocat : celui d’un avocat pénaliste. Pour ceux qui ont eu la chance de partager avec lui des moments de vie professionnelle et conviviale nous tenons à vous rassurer : il n’a pas perdu une once de son francparler ni de sa bonne humeur légendaire. Difficile cependant de lui proposer une interview « classique ». Voici quelques extraits d’une belle discussion « à bâtons rompus »

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