Previous Page  55 / 68 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 55 / 68 Next Page
Page Background

Journal du Barreau de Marseille

numéro 2 - 2017

53

MADAME MARYVONNE FALCO

ET MONSIEUR JEAN-MICHEL COUSTEAU

JDB - Vous considérez-

vous comme des grands

témoins d’un tribunal in-

ternational ou universel ?

M.F -

L’honneur est trop

grand pour nous. Je ne

suis ni plongeuse ni scien-

tifique et je ne peux ra-

conter que ce que m’a

laissé en héritage Bébert

(Albert Falco) dans ses li-

vres et témoignages.

J.M.C -

Pour moi, c’est avoir eu le privilège de com-

mencer les randonnées palmées quand j’avais 2 - 3

ans et ensuite de faire dès l’âge de 7 ans de la plon-

gée sous-marine sur la côte entre Toulon et Marseille.

C’était un privilège extraordinaire de rencontrer tous

ces personnages, cette inclination naturelle m’a mis

en contact avec le monde sous-marin dont chaque

être humain sur la planète dépend. On protège des

tas de sites historiques sur terre, on peut faire la

même chose pour les océans, car la protection du

monde sous-marin est aussi critique que celle de la

vie sur terre.

JDB - Michel L’HOUR nous a évoqué les antiquités

sous-marines et le pillage de ce bien culturel essen-

tiel à notre avenir. Qu’en pensez-vous en tant qu’avo-

cat de la mer ?

J.M.C -

Il faut rappeler l’histoire de l’espèce humaine,

car jusqu’à très récemment, tout se passait par la mer.

Il n’y avait ni route ni train et énormément d’Histoire

se trouve au fond des océans. C’est fascinant, car cela

fait partie des découvertes et lorsque l’on me de-

mande quelle a été ma meilleure plongée, je ré-

ponds toujours, la prochaine !

JDB - Nous avons bien conscience que la mer est un

musée, mais un musée sans alarme, que tout le

monde croit pouvoir s’approprier alors que c’est un

trésor commun. Monsieur Cousteau, maintenant que

nous sommes au cœur de cette place marseillaise

qui prend une importance particulière dans la pro-

tection de notre patrimoine méditerranéen, est-ce

que vous avez un message particulier ou une attente

que vous souhaitez nous exprimer?

J.M.C

- Pour moi, ce qui est important, c’est de parta-

ger les décisions qui viennent d’être prises au reste

de la planète et que la même chose soit mise en

place partout, car nous sommes tous concernés :

notre qualité de vie dépend de la qualité de l’eau. À

chaque fois que l’on boit un verre d’eau, on boit de

l’océan et il est important d’assurer l’avenir de notre

espèce sinon, nous disparaîtrons, car la nature n’a pas

besoin de nous.

Un concours de plaidoirie est organisé pour les

jeunes avocats du Barreau de Marseille, que pensez-

vous, Madame FALCO d’un sujet sur les limites du

procès de Natal ?

M.F -

C’est un vaste dossier, et la passion secrète de

Bébert puisqu’avec l’équipe COUSTEAU, ils ont dé-

couvert l’épave qui avait coulé au mois d’août 1917,

heurtée par le Malgache qui revenait de Madagascar

à moitié vide. C’était pendant la guerre et bien évi-

demment, il fallait suivre un chemin balisé puisque la

mer était menée. Le premier procès écarta la respon-

sabilité du Natal puis le second reconnut une faute

de navigation parce que le capitaine, qui ne pouvait

plus se défendre, s’était attaché à sa barre pour cou-

ler avec son bateau. Aux yeux de Bébert qui a tou-

jours eu à cœur de défendre l’honorabilité de ce

capitaine, ce procès était injuste et bafouait la philo-

sophie des capitaines de bateau. C’était véritable-

ment insupportable pour lui et il a répété qu’il voulait

que ce capitaine soit réhabilité.

PROPOS RECUEILLIS PAR

ME EDWARD TIERNY

Le Pôle maritime du tribunal

de grande instance de Marseille

ENTRETIEN AVEC

ÉVÈNEMENTS

DES DERNIERS MOIS