Journal du Barreau de Marseille
numéro 2 - 2017
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MADAME MARYVONNE FALCO
ET MONSIEUR JEAN-MICHEL COUSTEAU
JDB - Vous considérez-
vous comme des grands
témoins d’un tribunal in-
ternational ou universel ?
M.F -
L’honneur est trop
grand pour nous. Je ne
suis ni plongeuse ni scien-
tifique et je ne peux ra-
conter que ce que m’a
laissé en héritage Bébert
(Albert Falco) dans ses li-
vres et témoignages.
J.M.C -
Pour moi, c’est avoir eu le privilège de com-
mencer les randonnées palmées quand j’avais 2 - 3
ans et ensuite de faire dès l’âge de 7 ans de la plon-
gée sous-marine sur la côte entre Toulon et Marseille.
C’était un privilège extraordinaire de rencontrer tous
ces personnages, cette inclination naturelle m’a mis
en contact avec le monde sous-marin dont chaque
être humain sur la planète dépend. On protège des
tas de sites historiques sur terre, on peut faire la
même chose pour les océans, car la protection du
monde sous-marin est aussi critique que celle de la
vie sur terre.
JDB - Michel L’HOUR nous a évoqué les antiquités
sous-marines et le pillage de ce bien culturel essen-
tiel à notre avenir. Qu’en pensez-vous en tant qu’avo-
cat de la mer ?
J.M.C -
Il faut rappeler l’histoire de l’espèce humaine,
car jusqu’à très récemment, tout se passait par la mer.
Il n’y avait ni route ni train et énormément d’Histoire
se trouve au fond des océans. C’est fascinant, car cela
fait partie des découvertes et lorsque l’on me de-
mande quelle a été ma meilleure plongée, je ré-
ponds toujours, la prochaine !
JDB - Nous avons bien conscience que la mer est un
musée, mais un musée sans alarme, que tout le
monde croit pouvoir s’approprier alors que c’est un
trésor commun. Monsieur Cousteau, maintenant que
nous sommes au cœur de cette place marseillaise
qui prend une importance particulière dans la pro-
tection de notre patrimoine méditerranéen, est-ce
que vous avez un message particulier ou une attente
que vous souhaitez nous exprimer?
J.M.C
- Pour moi, ce qui est important, c’est de parta-
ger les décisions qui viennent d’être prises au reste
de la planète et que la même chose soit mise en
place partout, car nous sommes tous concernés :
notre qualité de vie dépend de la qualité de l’eau. À
chaque fois que l’on boit un verre d’eau, on boit de
l’océan et il est important d’assurer l’avenir de notre
espèce sinon, nous disparaîtrons, car la nature n’a pas
besoin de nous.
Un concours de plaidoirie est organisé pour les
jeunes avocats du Barreau de Marseille, que pensez-
vous, Madame FALCO d’un sujet sur les limites du
procès de Natal ?
M.F -
C’est un vaste dossier, et la passion secrète de
Bébert puisqu’avec l’équipe COUSTEAU, ils ont dé-
couvert l’épave qui avait coulé au mois d’août 1917,
heurtée par le Malgache qui revenait de Madagascar
à moitié vide. C’était pendant la guerre et bien évi-
demment, il fallait suivre un chemin balisé puisque la
mer était menée. Le premier procès écarta la respon-
sabilité du Natal puis le second reconnut une faute
de navigation parce que le capitaine, qui ne pouvait
plus se défendre, s’était attaché à sa barre pour cou-
ler avec son bateau. Aux yeux de Bébert qui a tou-
jours eu à cœur de défendre l’honorabilité de ce
capitaine, ce procès était injuste et bafouait la philo-
sophie des capitaines de bateau. C’était véritable-
ment insupportable pour lui et il a répété qu’il voulait
que ce capitaine soit réhabilité.
PROPOS RECUEILLIS PAR
ME EDWARD TIERNY
Le Pôle maritime du tribunal
de grande instance de Marseille
ENTRETIEN AVEC
ÉVÈNEMENTS
DES DERNIERS MOIS
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