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ME CHRISTELLE GRENIER 20 | JDB MARSEILLE 3 / 2023 Des tâches complexes, parfois critiques, sont ainsi déléguées à des systèmes de plus en plus autonomes à mesure que les techniques d’apprentissage propres à l’intelligence artificielle se développent� Dans le domaine du droit et de la justice, le recours à ces algorithmes et à ces systèmes d’intelligence artificielle soulève de nombreuses questions et points de vigilance. La première de ces interrogations est d’ordre éthique. En effet, les systèmes d’intelligence artificielle nécessitent d’être entrainés sur un volume important de données. Or, il existe des risques de biais si ces données ne sont pas pertinentes ou suffisamment représentatives. Les systèmes d'intelligence artificielle sont susceptibles de fournir des résultats biaisés dans la mesure où la technologie des moteurs de recherche n'est pas neutre mais utilise des données complexes qu’elle hiérarchise en fonction de différents paramètres de nature à induire le maintien de certains préjugés La question de la transparence de l’algorithme et des jeux de données est donc un point de vigilance essentiel. La deuxième de ces interrogations est d’ordre économique. En effet, l’émergence des systèmes d’intelligence artificielle générative qui sont capables de produire une argumentation et un raisonnement juridique fait craindre à certains la disparition du métier d’avocat. Si cette disparition est peu probable, le métier d’avocat va nécessairement devoir s’adapter à cette révolution de l’intelligence artificielle. Ces outils d’intelligence artificielle ne doivent pas être conçu pour remplacer l’avocat mais au contraire pour créer un avocat « augmenté » capable de tirer profit au mieux de la quantité astronomique de données à sa disposition pour élaborer une stratégie tant en matière de conseil que de contentieux. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit que d’un outil qui ne doit pas dispenser l’avocat de vérifier la pertinence des résultats qui lui sont soumis, comme en d’autre temps l’avocat l’aurait fait pour le travail de son stagiaire. D’ailleurs, un avocat américain a défrayé la chronique et alimenté, bien malgré lui, le débat sur l’utilisation de ChatGPT dans le domaine du droit en produisant un mémoire dans lequel il citait six décisions judiciaires qui s’avéraient toutes fausses et totalement inventées. Cette anecdote peut prêter à sourire et conforter ceux qui pensent que l’intelligence artificielle, et notamment les systèmes d’intelligence artificielle générative, n’ont pas leur place dans le domaine du droit. Ce serait aller un peu vite en besogne. Le développement de ces outils est bien évidemment perfectible mais les progrès qui sont faits en la matière sont extrêmement rapides. Cependant, les avocats doivent, pour pouvoir s’emparer au mieux de ces outils, être formés à leur utilisation afin qu’ils puissent les utiliser à bon escient et en responsabilité sans oublier de développer une culture du doute et de l’esprit critique en vérifiant et en comparant les résultats obtenus avec d’autres sources. En effet, si des risques existent, ils doivent être encadrés pour ne pas perdre le bénéfice de ces outils. Au-delà des algorithmes et des systèmes d’intelligence artificielle, la dématérialisation des procédures pour accéder au juge doit également faire l’objet d’attention pour ne pas créer de barrière à l’accès au droit pour les populations en manque d’autonomie numérique. En conclusion, il faut œuvrer pour que ces évolutions numériques et technologiques augmentent l’avocat plutôt qu’elle ne le supplante et que l’ensemble de ces nouveaux outils soient au service de l’humain. ÉVOLUTIONS NUMÉRIQUES, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE QUEL POINT DE VIGILANCE ? + ACE RÉGION SUD 90 RUE EDMOND ROSTAND 13006 MARSEILLE ACE PARIS 23, RUE LAVOISIER - 75008 PARIS LA PAROLE AUX SYNDICATS / ACE Dans une société de plus en plus connectée, les algorithmes et l’intelligence artificielle sont partout.

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