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tions. Car il ne pourra pas être présent. Je lui propose de lui passer mes notes le lendemain matin. Mais il est catégorique : il les lui faut la veille pour pouvoir travailler dessus. J’ai compris qu’il allait passer la nuit sur ces réquisitions. Je ne me suis pas autorisé à dormir huit heures. J’ai également passé une partie de la nuit sur ces réquisitions, en me disant que s’il le faisait, je n’avais pas d’autre choix. Jeme souviens aussi du bâtonnier d’Aixen-Provence Me Filippi. Quel personnage ! Costume trois pièces, toujours rasé de près ; il me disait « il faut aller à la prison comme on va à un mariage ». En effet, quand il arrivait à la prison, dans le box, on savait qui était l’avocat et qui était le client. Il avait un cahier par client. Sur la première page ; il y avait les références de la famille, la dernière page, c’était la page comptable et dedans, c’était toutes les notes qu’il avait prises sur le dossier qu’il avait consulté à l’instruction. Il n’y avait pas de photocopie, il fallait donc tout noter sur un cahier. C’était un avocat brillant, travailleur, mais également charmeur : il était capable de réciter les poèmes pendant deux heures, notamment pour charmer une femme. Il y mettait les moyens. Il arrivait dans sa voiture avec son chauffeur, et à côté il y avait sa maîtresse et derrière il y avait son dossier. Tous ces gens ne m’ont fait passer qu’un seul message, subliminal : il faut travailler. Les dossiers ça se bosse, il n’y a pas de secret, c’est la vérité immuable de ce métier. Dès les premiers mois, j’ai [ Les relations avec les jurés m’ont beaucoup apporté, tant leurs attentes et leur investissement traduisent une exigence de qualité dans la manière dont la justice doit être rendue.] 45 | JDB MARSEILLE 2 / 2022

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