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DOSSIER | RENTRÉE SOLENNELLE / 24 JUIN 2022 Je suis heureux d’entendre que la jeunesse conserve son audace, son talent et son impertinence. Il y a 20 ans on me surnommait « Raph », il y a encore 2 ans c’était « Jean-Raph » et aujourd’hui le diminutif a laissé la place à : « Jean-Raphaël », la peau lisse s’est froissée, je vous avoue que j’en suis déjà à ma deuxième robe et que mes épaules n’ont plus besoin d’être étoffées, j’ai pris l’envergure d’un avocat de 20 ans de barre… c’est ainsi que devenu avocat expérimenté puis bâtonnier j’ai rencontré il y a peu une jeune avocate de quelques mois d’exercice. Elle était encore habitée par sa prestation de serment, elle se demandait si elle arriverait à tirer l’essence d’un rendez-vous client au travers de sa consultation. Finalement …des préoccupations très proches du jeune homme que j’étais. Toutefois, elle m’a également fait part de ses aspirations, de sa quête de sens… elle m’a demandé si elle pouvait créer une société d’avocats à coopération solidaire et participative (dite SCOP). là…. On est très loin de la SCP dont je rêvais à son âge ! C’est indéniable, le rapport au travail a changé, aujourd’hui ce n’est plus le cabinet qui fait passer un entretien à des collaborateurs mais le collaborateur qui nous triture, nous questionne, nous bouscule. Et pourtant nous devons miser sur la jeunesse et redonner de l’attrait à notre profession. Nous ne sommes pas isolés, ce phénomène touche tous les corps, tous les métiers qu’ils soient intellectuels ou manuels. C’est unanime, il y a un changement de paradigme et un écart se creuse avec nos jeunes diplômés. Face à ce postulat, nous nous devons de comprendre pourquoi on en est arrivé là, c’est ce qui nous a poussé à poser la question directement à tous les confrères marseillais. Nous avons été surpris du grand nombre de réponses et de la précision des commentaires et argumentaires laissés en marge du questionnaire. En lançant cette enquête j’espérais secrètement en connaître davantage sur nous tous et pourquoi pas même tordre le coup aux préjugés à la peau dure. Il en ressort que : 98% des jeunes qui prêtent serment commencent encore leur activité sous le statut de collaborateurs. Donc non… Les jeunes ne sortent pas de l’école en posant leur plaque. En revanche, et ce constat est plus inquiétant, l’immense majorité des collaborateurs ayant vécu une expérience ratée quitte la profession où s’installe seul, mal et sans expérience significative. La bonne nouvelle c’est que 75% des collaborateurs et des collaborants sont satisfaits voir très satisfaits de leurs conditions professionnelles. L’idée reçue que ce mode d’exercice est une relation basée sur un rapport de force est donc balayée. Toutefois, il ne faut pas s’en arrêter là, nous devons nous interroger sur la façon dont nous allons construire un avenir commun. Une piste déjà enclenchée est le renforcement de nos relations avec les étudiants des facultés grâce à la signature d’une convention qui permet de favoriser leur arrivée en alternance dans les cabinets d’avocats pendant leurs études. L’objectif est de leur donner envie de rester et de s’implanter dans nos cabinets du sud-est. Une autre piste c’est de les convaincre et de les écouter pour qu’ils collaborent dans nos cabinets et qu’ils prennent notre suite car leur avenir est notre avenir. En évoquant l’avenir j’ai également tous ces termes à la mode qui me sautent à la figure : RSE, inclusivité, décarbonation, solidarité… Cette quête de sens est aujourd’hui partout et on est là à se demander comment 40 | JDB MARSEILLE 3 / 2022 allons-nous être toujours plus éthiques, engagés et solidaires. Mais enfin ! Nous portons déjà en nous toutes ces valeurs et ce bien avant que le marketing s’en empare et nous l’impose. Nous sommes la seule profession libérale qui est engagée au quotidien aux côtés des femmes et des hommes dans la détresse, le besoin et le dénuement. Je désigne chaque jour 50 permanenciers dans tous les domaines du droit : - la défense pénale d’urgence, - l’hospitalisation sous contrainte, - les mineurs non accompagnés, - l’aide aux étrangers, - bientôt permanence victime intrafamiliales dans les hôpitaux, - l’accès au droit dans la Maison de la justice et du droit Nous sommes prévenants à l’extérieur mais également entre nous, notre commission solidarité si chère à notre bâtonnier élu Mathieu Jacquier que je salue est également la démonstration de notre engagement sincère et profond. Nous sommes la profession libérale qui donne le plus de notre temps et de notre énergie pour la défense des plus démunies. Chaque jour vous pouvez compter sur le dévouement de centaines d’avocats partout en France, la défense chevillée au corps. Vous cherchez encore du sens ? Dans notre grande famille vous en trouverez sans détours : - plus de 17.000 € récoltés pour la ligue contre le cancer, - la course des lumières contre la maladie, la marseillaise des femmes, la course contre la cécité, - le vernissage au profit d’Emmaüs, - des conférences sur l’environnement pour notre belle ville de Marseille rythmée par la mer et ses calanques, Construisons ensemble le barreau de demain

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