JDB_N1_2022_WEB02_COMPLET

50 | JDB MARSEILLE 1 / 2022 chiffre avant tout. C’est louable car il faut de l’argent pour vivre et que nous sommes taxés de toute part. Mais sans vouloir faire le vieux grincheux, ça n’est pas ma conception. C’est peut-être aussi pour ça que je ne suis pas riche. Pour moi ça a toujours été l’Humain avant le fric. Et c’est pour ça que parfois j’aidais des jeunes confrères aux assises de façon désintéressée. Très souvent ils me proposaient de partager l’aide juridictionnelle. Parce qu’on en avait parlé, que je proposais de venir et que ça rassurait. Je l’ai fait une bonne dizaine de fois. Justement, en parlant des jeunes avocats, comment peut-on favoriser leur épanouissement ? Pourquoi ne pas revenir aux consultations gratuites de mon époque. Je me rappelle que toutes les semaines, un membre du Conseil de l’Ordre recevait, avec les stagiaires, les consultations gratuites. Nous devions être tous présents, et en robe. On ne rigolait pas mais c’était très formateur. Le membre du Conseil de l’Ordre sollicitait nos avis, et lorsque l’on donnait un bon conseil juridique, on avait le droit de laisser notre carte. C’était très contraignant mais il y avait un véritable encadrement. C’est pour cela qu’il y a quelques années, la commission pénale avait émis l’idée qu’un de ses membres serait de permanences à chacune des audiences de comparutions immédiates, pour aider et guider les confrères. Malheureusement, faute de temps ou de volontaire, ça n’a jamais pris (« Ma foi, peut-être un jour ! »). Parlons encore un peu des jeunes avocats. Tu as certainement des conseilsà leur transmettre ? Evidemment, mais je suis resté comme les « vieux croûtons » : la tradition orale. Ce qui sort de la bouche d’un avocat doit rentrer dans l’oreille de l’autre et ainsi de suite. Faites très attention à conserver ce privilège en limitant au maximum les dépôts des dossiers. Pour ma part, je n’ai jamais écrit aucune plaidoirie ni pris une seule note. Improviser je savais faire. La seule fois où je l’ai fait, je me suis pris les pieds dans le tapis et c’était « le bordel ». Je me suis dit que j’allais être carré et au bout de dix minutes je ne savais plus où j’étais. Je ne sais pas si on peut le considérer comme un conseil, mais c’était ma façon d’exercer. André,merci pour tout.Unedernière question : Après 44 ans de barre, il y a surement quelque chose qui te manquedansnotreprofession? Je pense que vous l’avez compris : c’est de plaider !!

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