JDB N1 2020

La médiation, vous en pensiez quoi à l’origine ? Sophie Rolland-Gillot - Je m’interro- geais sur ses limites et la manière de l’appré- hender. Je restais perplexe face au rôle des parties. Nicolas Fouilleul - Je pensais connaître la médiation en la pratiquant d’ores et déjà dans le cadre de mon activité d’avocat. J’étais donc curieux de savoir ce que l’avocat pouvait y gagner. Quelle(s) raison(s) vous a (ont) in- cité à vous former à la médiation ? SRG - Avocat à dominante contentieux, j’avais néanmoins le sentiment que la média- tion, qu’elle soit juridictionnelle ou conven- tionnelle, constituait une voie de l’avenir, dans le cadre grandissant des modes alter- natifs de résolution des différends. Il fallait donc prendre le train en marche ! NF - La pression forte de certains clients (assureurs notamment) et la volonté du législateur de tarir le contentieux m’ont convaincu sur la nécessité de me former à ce mode alternatif de règlement des conflits. Que vous a apporté cette forma- tion ? Votre approche dans les dossiers a-t-elle évolué ? SRG - Cette formation m’a beaucoup ap- porté ! Nous étions douze confrères mar- seillais et avons joué tour à tour, les rôles de médiateur, médiés et avocats accom- pagnants. Le rôle des avocats aux côtés de leurs médiés est de rechercher dans une émulation commune, une solution à leur conflit. Ils seront les architectes de cette so- lution et c’est en cela que la médiation est in- téressante, puisqu’elle constitue un processus créatif, susceptible de répondre à l’ensemble des besoins et intérêts des médiés. NF - Écouter pour comprendre et non plus écouter pour répondre. Je crois profondé- ment que la médiation apporte un œil neuf à l’avocat et ouvre la voie à une autre manière d’appréhender le dossier, en recherchant davantage à comprendre ce qui oppose les parties et ce qui pourrait les rapprocher. SRG - Mon approche personnelle dans les dossiers a forcément évolué depuis cette for- mation. J’appréhende désormais avec préci- sion, comment devenir l’intermédiaire entre deux parties, par exemple entre un maître d’ouvrage et un entrepreneur qui n’arrivent plus à communiquer. Je tente de rétablir un dialogue dans l’intérêt de mon client. Comment voyez-vous votre avenir en tant qu’avocat-médiateur ? SRG - J’ai beaucoup apprécié le rôle de mé- diateur constitué d’écoute, de neutralité et de bienveillance, et je souhaite exercer plei- nement en tant qu’avocat-médiateur. NF - Il me semble important d’intégrer une structure regroupant des médiateurs de tous horizons (experts, avocats, etc.) en vue de se faire connaître des tribunaux et des justiciables. Je crois profondément en cette nouvelle façon de résoudre les conflits. 1. Hélène Gebhardt, médiateur, magistrat honoraire. PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS MORABITO LE 17 FÉVRIER 2020 Deux avocats marseillais, Sophie Rolland-Gillot et Nicolas Fouilleul, sont à l’honneur pour nous raconter leurs expériences sur leur formation à la médiation. Le juge tranche, lemédiateur dénoue (1) Interview croisée de deux avocats formés à la médiation DOSSIER MARD 45 1ER SEMES TRE 2020 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE

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