JDB_N3_09-10-2018_WEB (1)

Journal du Barreau de Marseille 15 numéro 3 - 2018 gence artificielle, nous n’y échapperons pas, mais l’intel- ligence artificielle ne remplacera jamais l’avocat et ne remplacera jamais notre savoir-faire. Cela nous aidera dans notre savoir, notre expertise, notre capacité à renver- ser une jurisprudence, notre capacité à construire et à bâtir une stratégie. J’ai confiance dans la manière dont l’avocat s’en servira. Après les grandes mobilisations de ce début d’année, pourriez-vous nous faire un point d’étape sur le projet de réforme sur la loi de programmation de la justice? Je ne peux pas tout dire au moment où vous m’interrogez, dans la mesure où les arbitrages sont faits et que les ré- sultats de ces arbitrages vont nous être communiqués la semaine prochaine. Donc nous avons avancé, nous avons fait beaucoup de petits pas, ce qui nous permet de dire que nous avons beaucoup avancé par rapport au projet initial. Nous avons une mi- nistre qui est à l’écoute, nous avons constitué des groupes de travail, nous nous sommes ren- contrés, nous avons dis- cuté, nous avons eu des interlocuteurs qui ont compris nos demandes, qui n’y adhèrent pas for- cément. Il y a donc eu un vrai débat. Comme dans toute négociation, on ne peut pas, en cours de discussion, tout expliquer publiquement, d’abord parce qu’il peut y avoir des reculs sur certaines avancées, il peut y avoir des points en attente de confir- mation. En résumé, nous avons bien avancé sur le plan civil, beaucoup moins au pénal. Sur ce dernier point, nous sommes confrontés à une situation qui s’aggrave depuis quelques années. Nous perdons sur le terrain des droits des libertés, des droits de la défense et des droits des vic- times, le gouvernement donnant la priorité à la sécurité. Un combat compliqué, mais nous ne lâchons pas prise. Enfin, sur la question des territoires, nous avançons posi- tivement, mais restons vigilants. Nous attendons les arbi- trages. Pouvez-vous nous donner des exemplesau civil ? Je peux donner plusieurs exemples. Nous avons obtenu l’élargissement de la tentative de résolution amiable pré- alable obligatoire à la saisine de la juridiction pour certains litiges à la médiation et à la procédure participative (au départ, les textes ne prévoyaient que la conciliation). Sur les plateformes numériques, la conciliation, la médiation ou l’arbitrage en ligne ne pourront résulter exclusivement d’un traitement par algorithme ou d’un traitement. De même, les plateformes ne pourront pas empiéter sur le pé- rimètre du droit défini par le titre II de la loi de 1971. Est-ce que vous auriez un message à faire passer à nos lecteurs? Nous avons la chance d’exercer une belle pro- fession. Cette profes- sion unie peut être très influente et, que nous soyons en France, en train de défendre l’aide juridictionnelle ou en Asie en train de déployer le « doing business », nos actions permettent de parler des avocats, d’expliquer notre rôle. L’unité de la profession, c’est la rendre plus forte, plus visible, plus influente. C’est la ligne que je veux dé- ployer pendant mon mandat. Propos recueillis par Julien Ayoun, directeur de la publication CNB Nous perdons sur le terrain des droits des libertés, des droits de la défense et des droits des victimes, le gouvernement donnant la priorité à la sécurité. Un combat compliqué, mais nous ne lâchons pas prise. Enfin, sur la question des territoires, nous avançons positivement, mais restons vigilants. Assemblée générale décentralisée du Conseil national des barreaux le 14 septembre à Marseille.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTg0OTA=