Previous Page  23 / 49 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 23 / 49 Next Page
Page Background

LiBRES PRoPoS

Journal du Barreau de Marseille

numéro 1 - 2016

22

A Marseille, le Tribunal de

Commerce, c’est 80 juges

lorsque l’effectif est au complet.

C’est le deuxième de France en

nombre de juges. Au mois de

novembre, il y avait 75 juges ins-

crits. Je suis très content parce qu’il y a eu 75 votants

soit 100 %, de surcroît tous exprimés, c’est-à-dire 0 nul,

0 blanc. Je suis passé au premier tour sur une triangulaire,

avec 46 voix ce qui me fait une belle légitimité, ce qui

est plus confortable parce que la particularité d’un Tri-

bunal tient en une gouvernance qui n’est pas du tout

comme en entreprise : il n’y a pas la sanction financière

puisque nous sommes bénévoles, ni licenciement parce

que c’est un mandat électif.

Je fonctionne avec les juges essentiellement par contrat

d’adhésion. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne va pas être

ferme de temps en temps, mais il faut conquérir l’adhé-

sion des juges. Globalement, la moitié des juges sont

des chefs d’entreprise, l’autre moitié des cadres diri-

geants.

Etre juge au Tribunal de commerce, cela prend-

il beaucoup de temps ?

Quand on est nouveau juge, au début cela occupe en

moyenne une journée par semaine, et uniquement en

contentieux général. C’est d’ailleurs très formateur, très

intéressant, et certains y font toute leur mandature.

Quant aux procédures collectives, on n’y siège pas les

deux ou trois premières années. On siège toutes les une

ou deux semaines soit une demi-journée d’audience,

puis il faut étudier les dossiers, environ une demi-journée

également.

Quand on devient Président de Chambre, c’est au moins

une grosse journée et demie par semaine. Et en tant

que Président je consacre trois jours par semaine à mon

mandat, par cycle de demi-journées continues pour bien

équilibrer mon temps de travail de la semaine.

Les juges consulaires pratiquent-ils le non

cumul des mandats dans le temps ?

En simplifiant, la loi prévoit un total de 14 ans : un

premier mandat de deux ans, une espèce de période

probatoire puis après trois mandats de quatre ans.

Dans le cadre de la future loi sur la justice du 21e siècle,

la Conférence Générale des Juges Consulaires de France

essaye de convaincre le législateur de pouvoir siéger jus-

qu’à 75 ans. Pourquoi 75 ans ? Par analogie avec l’âge

maximum de siège des juges de proximité.

Actuellement un quart des juges consulaires à Marseille

a entre 0 et 2 d’expérience, ce qui est beaucoup, et je

trouve dommage de

perdre de l’expérience en

laissant partir les plus

anciens.

Les Juges consulaires

ont-ils une formation obligatoire ?

Il convient de souligner que le recrutement est majeur :

ce sont d’ailleurs les organisations patronales qui s’en

chargent, UPE 13 et CGPME, qui sélectionnent des profils

de

qualité.La

formation est dispensée par l’École Natio-

nale de la Magistrature, avec des intervenants de haut

niveau et des cycles de formation pluriannuels.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres

de l’activité du Tribunal de commerce de Mar-

seille ?

En 2015, les juges du Tribunal de Commerce de Marseille

ont rendu 26.032 décisions, toutes procédures confondues,

contre 23.685 l’année précédente ; ils ont tenu 1.552

audiences et les services du greffe ont enregistré 66.155

actes contre 64.228 l’année précédente.

Dans un contexte national de diminution des litiges

devant les juridictions commerciales – 30 % en moyenne

depuis 10 ans – notre juridiction, depuis deux ans, voit

son activité se stabiliser.

Pour mémoire, en 2008, le tribunal enregistrait au cours

de l’année 8.321 affaires nouvelles. Cette année nous en

avons reçu 4.161.

Cependant, l’inversion de la tendance à la baisse constatée

depuis deux ans se confirme: alors que nous ne rendions

que 3.791 décisions de rôle général en 2012 les chambres

de rôle général ont rendu 4.780 décisions en 2015 soit

sensiblement le même nombre qu’en 2014. En revanche,

les décisions de référés, les injonctions de payer et les

autres ordonnances de la juridiction présidentielle ont

représenté 8.028 décisions contre 6.831 en 2014.

Pour ce qui est des chambres de procédures collectives

et de l’office des juges commissaires, 13.118 décisions

ont été rendues à comparer avec les 12.728 en 2014 et

ce malgré une légère diminution du nombre d’ouvertures

de procédures collectives qui passe de 1.224 en 2014 à

1.149 en 2015.

Enfin, le nombre de décisions rendues en prévention

des entreprises en difficultés, marque l’importance crois-

sante de cette activité au sein de notre tribunal puisque

nous avons rendus 107 décisions en 2015 contre 66 l’an-

née précédente et, pour mémoire, 26 en 2013.

Pour situer l’importance de notre juridiction et l’activité

de ses juges je ferai la comparaison avec le premier Tri-

bunal de Commerce de France qui est celui de Paris, où

Marseille est le deuxième tribunal

de commerce avec 80 juges