JDB_N2_2022_WEB

4 | JDB MARSEILLE 2 / 2022 tion ? Ce serait encore une fois regarder le train passer ou porter des œillères sur le monde actuel. Toutefois, n’oublions jamais qui nous sommes, n’oublions pas que notre profession montre l’exemple, n’oublions pas non plus que notre déontologie est notre salut, notre force et notre éthique. Pensons-nous sincèrement gagner plus de clients en imitant des influenceuses Dubaïotes ou des publicités pour des locations de voiture de luxe sur Snapchat ? S’abaisser à de telles pratiques n’est pas rendre hommage à ce que nous sommes, aux longues années d’études que nous avons brillamment réussies pour en arriver là et dévoient toutes les heures passées à nous construire une notoriété. Pire encore, commettre de telles dérives nous fait basculer dans une ère où l’avocat se vendrait comme un vulgaire fond de teint. Avons-nous conscience que la profession d’avocat a encore un cadre spécifique uniquement en raison de sa déontologie ? Ne soyons pas aveugles, depuis les années 1960, de multiples rapports préconisent la déréglementation de notre profession et ce courant concerne tout autant les professions titulaires de monopole que l’ensemble des professions dites réglementées. Le fondement est que face à une demande de prestations juridiques désectorisée en progression, les monopoles et les ordres constituent autant de barrières à l’entrée et d’obstacles à la libre concurrence. Il s’agit donc depuis de nombreuses années de libéraliser les professions réglementées du droit en brisant certains monopoles et privilèges. Dans son ensemble, cette tendance est influencée par l’Union européenne qui a mis en place un dispositif poussant les États membres à supprimer les contraintes réglementaires regardées comme des entraves au libre exercice des professions juridiques sur le marché unique européen. N’oublions pas que tous les rapports construisent une critique des règles de la profession et des ordres qui les édictent. Que ce soit les règles encadrant les pratiques d’honoraires, la publicité des cabinets, les structures d’exercice et les conditions d’accès à la profession résulteraient donc d’une collusion visant au maintien d’une rente. De là est née la libéralisation de la publicité de l’avocat. Je ne dis pas que nous ne pouvons pas être inventifs et originaux, et que nous ne pouvons pas adopter ce nouveau mode de partenariat publicitaire car c’est le sens de l’histoire. Je souhaite mettre en exergue les dérives que nous rencontrons au fil des feed et stories et qui sont contraires à la dignité. Soyons responsables, loyaux à nos valeurs, communiquons une information claire à nos prospects et clients, rendons notre cabinet accessible et pas risible. Certains d’entre vous se sont émus de dérives et ont été profondément choqués par certaines publications sur les réseaux sociaux. L’Ordre n’est pas aveugle et ne fermera pas les yeux sur ces comportements néfastes qui jettent l’opprobre sur toute la profession. L’Ordre a renforcé sa campagne de contrôle des sites internet et sera très vigilant sur les publications. La politique est claire, je ne laisserai pas quelques-uns ridiculiser notre barreau. Nous n’hésiterons pas à prononcer les sanctions idoines car c’est le rôle de l’Ordre de nous protéger contre tous les détracteurs de la profession. Mieux communiquer de manière responsable c’est être éthique mais aussi considérer nos futurs clients comme des personnes avec des doutes, des valeurs, des désirs et en demande d’une information claire et précise empreinte de sens et de valeurs. Ne trompons pas la confiance de notre public. Ce sujet sera traité lors d’une table ronde que j’animerai avec le bâtonnier d’Aix-En-Provence, Benoît Porteu de la Morandière, lors des estivales de la formation les 7 et 8 juillet prochains au palais du Pharo. Ce sera l’occasion de revenir sur les bonnes pratiques et de voir ensemble ce qui est admissible et ce qui ne l’est pas. La communication responsable c’est maintenant. JEAN-RAPHAËL FERNANDEZ BÂTONNIER

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