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47 | JDB MARSEILLE 2 / 2021 HISTOIRE ET MÉMOIRE DU BARREAU dats avant deme présenter au bâtonnat. Albert Haddad, président inamovible de la Carpa, décède en début d’été en faisant un footing. C’est un bouleversement. Le premier qui se manifeste c’est Christian Lestournelle qui est élu. Et après dans le paysage de ceux qui pouvaient être candidats, j’en fais partie. Je me présente en accord avec d’autres qui auraient pu être candidats àma place. Je me retrouve Dauphin de Christian Lestournelle. Je peux dire avoir eu un dauphinat de grande qualité. Il m’a donné accès à tout. Je pense m’être inscrit dans la dynamique de Christian Lestournelle, en y apportant une touche plus militaire. Je venais d’être décoré de l’ordre national dumérite à titremilitaire comme officier de réserve… Être bâtonnier, c’est un honneur et une responsabilité. L’honneur c’est personnel, la responsabilité est collective. Puis l’expérience, on la construit soit même. Ça a été la plus belle aventure qu’il m’ait été donné de vivre. Mes débuts sont très difficiles car en même temps que je prends mes fonctions de bâtonnier, je plaide comme avocat dans le procès de Furiani. Donc suivre ce procès et mettre en place ma prise de fonction, il vaut mieux ne pas avoir besoin de longues nuits de sommeil. Si la vie du bâtonnier se nourrit de la vie de l’Avocat, il n’est pas souhaitable que la vie de l’avocat se nourrisse de la vie de bâtonnier. Que représente pour toi le bâtonnier ? Être bâtonnier, c’est vraiment une belle aventure. Quand tu es bâtonnier, tu regardes le paysage et le paysage c’est ton barreau. Tu réalises que ce barreau est puissant par sa compétencemultidisciplinaire. En qualité de bâtonnier, tu es fort de l’ensemble des forces individuelles de ton barreau, qui font que ton barreau est fort collectivement. Il faut connaître ton barreau, même si aujourd’hui c’est un peu plus difficile que ça ne l’était. C’est une autre dimension. Il y a des choses à forger pour préserver la confraternité ; celle-ci ne peut plus s’exprimer dans le compagnonnage intime que nous avions. Mais elle peut s’épanouir quand même à travers des manifestations collectives. Pour en revenir au bâtonnier, il est déterminant que tous les avocats se reconnaissent en lui. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il a failli. Dans l’appellation, il n’y a pas de hasard. Je suis le bâtonnier Allegrini. Il y a le bâtonnier Lestournelle, le bâtonnier Paolacci… et il y a Le bâtonnier. Il n’a pas besoin de complément, il existe par sa fonction. Après il redeviendra lui-même et je trouve ça très beau. Ça l’engage et en même temps, ça lui donne de la force. La force du bâtonnier, c’est celle de tout son barreau, qu’il doit sentir derrière lui. Mes fonctions d’élu m’ont donné d’immenses satisfactions mais pas autant que celles de bâtonnier. Pour terminer cher José, un conseil que tu donnerais aux jeunes avocats ? C’est terrible parce que la structuration géographique de notre exercice professionnel s’est modifiée. Pour autant, il faut que tous les avocats se croisent et se respectent. Si les avocats conseils pensent qu’ils peuvent se passer des avocats qui sont les outils de la vie quotidienne, ils se trompent. Mais si ces derniers pensent qu’ils sont porteurs de la seule vérité déontologique, ils font une erreur aussi. Tout le monde participe à la même réalité professionnelle. Ce qu’il faut, et ça c’est la responsabilité de l’Ordre, c’est organiser des occasions de rencontre : des rencontres festives, mais aussi des rencontres qui permettent de réinstaller cette déontologie qui est tellement essentielle. Le premier endroit où elle doit être pensée de façon aiguë et soutenue, c’est au centre de formation. La déontologie est une philosophie et une philosophie ça se respire. Il faut apprendre aux jeunes à respirer. Il leur faut croiser les anciens, ensemble ou séparément, pour qu’ils comprennent que ça existe.

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