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get away with murder (2014-2020) incarnées par Kerry Washington et Viola Davis. En France, alors que, dans le même temps, la profession se féminise à vitesse grand v, c’est également une femme qui offrira – enfin ! – au public un rôle crédible et nuancé, avec l’interprétation impeccable d’Audrey Fleurot en maître Joséphine Karlsson dans la série Engrenages (2005-2020). De héros à super héros Héros des temps modernes, les avocats accompagnent durant les décennies suivantes le triomphe du medium sériel avec desœuvres inspirées comme Suits (2011-2019), The Night Of (2016) ou Better Call Saul (2015-2022), marquées par une écriture et des dialogues hissant la série au rang d’art majeur. Dans les salles obscures, entre films documentaires et cinéma engagé, la figure de l’avocat se dessine au cours des années 2000 et 2010 comme celle d’un témoin privilégié des mutations du monde et d’un porte-parole des opprimés. En 2006, le film Bamako d’Abderrahmane Sissako met en scène le procès des institutions financières internationales dans la cour d’habitations collectives de la capitale malienne. Parmi les avocats qui plaident devant cette cour de récréation transformée en cour de justice, on retrouve d’éminents confrères comme Aïssata Tall Sall, William Bourdon, Mamadou Konaté ou le regretté Roland Rappaport. L’année suivante, Barbet Schroeder consacrera à Jacques Vergès un long métrage majeur, L’Avocat de la Terreur, couronné du César du meilleur film documentaire. Dans le même temps, la silhouette de l’avocat traine sa robe dans des œuvres mineures non dénuées de qualités de mise en scène, comme la comédie romantico-dramatique Victoria (2016) où l’héroïne, avocate mère célibataire débordée est interprétée par une Virginie Efira juste et touchante. Dans Commis d’office (2009), Roschdy Zem joue le rôle d’un avocat quadra désabusé et dans L’Avocat (2011), Benoît Magimel campe le rôle d’un jeune avocat pris au piège de sa propre ambition. Les œuvres de fiction s’intéresseront également aux « histoires vraies », et par là même, aux "vrais avocats" ; de la dream team constituée autour de Johnnie Cochran, Robert Shapiro et Bob Kardashian pour la défense d’OJ Simpson en 1995, incarnés à l’écran par Courtney Vance, John Travolta et Davis Schwimmer dans The People vs OJ Simpson American Crime story (2016), jusqu’à Eric Dupont-Moretti incarné par Olivier Gourmet dans Une intime conviction (2019), ou Georges Kiejman par Kad Merad dans la série Oussekine (2022). Parmi ces moments dans lesquels la frontière entre fiction et réalité se brouille, les plus fins observateurs auront reconnu, dans la scène d’ouverture du film de Romain Gavras Athena (2022) diffusé sur Netflix, notre confrère Yassine Bouzrou, devenu lui aussi une icône pop, incarner son propre rôle. Mais la fascination de la pop culture pour la figure de l’avocat ne se résume pas à la fiction, cinématographique ou télévisuelle, ni même au film documentaire. Si d’après le Los Angeles Times l’auteur le plus cité dans les plaidoiries (mais aussi les jugements) aux Etats-Unis demeure de loin Bob Dylan, le milieu judiciaire inspire de nombreux artistes, notamment dans le milieu du rap. La pop culture tend ainsi souvent à notre profession un miroir déformant, dans lequel nous pouvons tour à tour nous contempler en chevalier des Temps modernes, en agent d’influence ou en neuneu idéaliste, sous le regard admiratif, dubitatif ou consterné du public. Ce reflet, souvent flatteur, doit nous interroger sur qui nous sommes, collectivement autant qu’individuellement et sur le lien qui unit l’avocature à la culture et le prestige dont se nourrissent mutuellement l’une et l’autre. De fait, si l’exercice professionnel narré et décrit dans les œuvres de fiction s’éloigne souvent de la réalité concrète de nos vies d’avocats, la fascination que notre profession suscite en fait l’une des vocations les plus communes et l’un des projets de carrière les plus partagés des adolescents et des jeunes adultes en France et dans le monde. Cette nouvelle rubrique du JDB vise donc à proposer à chacun d’entre-vous de se saisir de cette facette de notre profession et de partager une œuvre, une émotion ou un personnage qui a fait de vous l’avocat que vous êtes aujourd’hui. Alors à vos plumes chers confrères, pour faire vivre cette rubrique, le JDB attend vos propositions de chronique, de portrait ou de reportage mettant à l’honneur l’avocat dans la pop culture. Dans les salles obscures, entre films documentaires et cinéma engagé, la figure de l’avocat se dessine au cours des années 2000 et 2010 comme celle d’un témoin privilégié des mutations du monde et d’un porte-parole des opprimés. 43 | JDB MARSEILLE 4 / 2022

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