JDB_N3_2021_COMPLET_WEB

11 | JDB MARSEILLE 3 / 2021 une lettre, fût-elle une lettre d’amour. Dans l’émotion et le désir de faire plai- sir, j’avais oublié ces fondamentaux. Cela peut arriver et cela a été la seule et unique fois ! LaMédiatisation Aujourd’hui, vous êtes confrontés, plus que nous à l’époque, à une chose très répandue : la médiatisation. Je crois cependant qu’il faut éviter de faire le procès sur les marches du pa- lais devant les micros, avant de l’avoir fait à l’intérieur pour les magistrats qui, le soir, vont peut-être vous regarder au journal télévisé ou vous entendre le matin en arrivant à la radio. De la même manière, on doit parler pour dire quelque chose et donc réflé- chir. Dans cette réflexion, il faut savoir qu’un journaliste qui vous fait parler dix minutes vous met dans un piège ab- solu car il va être obligé de vous couper et pourra passer à côté de l’essentiel et dénaturer votre discours. Mon conseil, c’est de parler en phrase courte, rester dans des gé- néralités et surtout ne pas révéler les points importants du dossier. C’est un exercice difficile et il ne faut pas hésiter à demander conseil. Mais je ne vais pas vous dire de fuir les journalistes car nous sommes dans une société où le droit à l’information est sacré. Sur la question des procès filmés que vous me posez, je n’ai pas vraiment d’avis. L’émotion est telle que dans la vie du procès, on oublie les caméras. Peut-être faut-il le faire pour l’histoire ? Peut-être que l’on reverrait volontiers le procès de Nuremberg ? Je ne sais pas… Mais si ça pouvait hisser vers le haut les acteurs du procès, les pré- sidents et les avocats en premier lieu, cela aurait un effet positif. L’écoute La qualité première d’un avocat c’est l’écoute. Et c’est le plus difficile à main- tenir parce qu’avec l'expérience on peut finir la phrase de celui qui est en train de vous parler et c’est une erreur. Ensuite ce sont des qualités juridiques, un grand sens du droit et une connais- sance la plus approfondie possible de la matière que vous traitez. C’est pour- quoi lorsque l’on est généraliste il faut faire attention aux dossiers que l’on prend. Et enfin, une dose de courage, car à un moment on est seul contre tous. D’ailleurs, je crois qu’on peut exercer la profession d’avocat seul ou à plusieurs mais la confrontation avec les confères et la réflexion générale c’est extrême- ment important. Cette ouverture aux autres est impor- tante, la coopération aussi et le barreau deMarseille n’est pas en déficit de cela. Croireen l’impossible Pour l’avocat pénaliste c’est la même chose à cela près qu’il doit en plus croire en l’impossible. L’une des qua- lités essentielles de l’avocat pénaliste c’est de croire à l’impossible : si l’avo- cat ne croit pas en l’impossible, qui y croira ? Cela peut arriver trois fois dans une carrière mais on peut avoir des re- laxes et des acquittements incroyables et impossibles. Je pense à l’histoire des deux sosies ou encore du juré qui se la joue Douze hommes en colères . Croire en l’impossible c’est garder sa fraicheur et nourrir l’espoir. Il doit aussi posséder une certaine culture, pas obligatoire- ment une grande culture classique mais au moins une culture du quoti- dien, une connexion avec l’époque dans de nombreux domaines, une cer- taine culture politique et historique pour mieux comprendre le droit me paraît éminemment utile. [ « L’une des qualités essentielles de l’avocat pénaliste c’est de croire à l’impossible : si l’avocat ne croit pas en l’impossible, qui y croira ? » ] COMMISSION DU JEUNE BARREAU

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