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Je prends, la parole ici au nom de tous mes camarades de la promo de l’école des avocats du barreau de Marseille de 1993 ; je vais essayer de compiler leurs pensées affec- tueuses. 1° Le centre de formation Michel-Roger Bergel a déboulé dans nos vies au centre de formation alors que nous étions encore jeunes et fringants, lui surtout. Il est rapidement devenu : - Chou, pour beaucoup : ils l’appe- laient ainsi certainement parce qu’il était chouette. - Bergellissime, parce qu’il avait reçu à l’extrême la fulgurance d’es- prit des Bergels, ses ascendants. - Mich, pour certains par raccourci, facilité et affection. - Très peu d’entre nous l’appelaient par son prénom : Michel-Roger, allez savoir pourquoi. Un homme qui avait autant de petits noms était forcément un type bien. Fédérateur, enjoué, truculent, il est devenu le camarade de jeu idéal. Lui aussi nous avait donné en retour des surnoms ridiculement affec- tueux : - Sandy, Nini, Gégette, Lio, La petite, et bien d’autres encore… Je suis, pour ma part, devenu son pépère. Un proverbe corse affirme que « amitié vaut plus que parenté ». Notre promotion était réellement une famille, et comme dans chaque famille nous avons nos grands sou- venirs et nos petits secrets. Je vais vous en raconter un. Le centre de formation nous avait organisé, comme aux promotions précédentes, un voyage à Stras- bourg pour des séances de travail à la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Tu vois Bergelissime, où je veux en venir …. De toute façon les faits sont prescrits. Lionel, toi et moi nous fûmes confi- nés (le mot est à la mode !) dans la chambre 103 de notre hôtel. Sentant venir l’ennui et surtout attiré par la plastique de nos ca- marades élèves avocates de Lille (la Chti peut être très belle), nous avons ouvert un bar dans notre chambre. Ce fut un succès immédiat ; l’éta- blissement était toujours plein. La Cour Européenne des Droits de l’Homme, à son insu, a sponsorisé ces agapes par fourniture involon- taire de moyens. Nous avons rapporté dans cette chambre dans laquelle, au demeu- rant, aucun des occupants ne dor- mait jamais, toutes les bouteilles de vins de la cantine de cette belle institution. Le Juge des Droits de l’Homme a assurément bon goût, nous en sommes témoins. Nous avons vécu pendant près de 3 jours dans les chips, les cacahuètes et les bouteilles vides, bref une vi- sion du bonheur… Ce fût un merveilleux séjour ; mais un accident académique. Ce voyage d’étude ne fut plus ja- mais organisé. 2° La prestation de serment : De camarade au centre de forma- tion nous sommes devenus des confrères. Bergellissime, le meilleur d’entre nous, est devenu un avocat brillant, talentueux, une fine lame du barreau dont les fulgurances ont déstabilisé plus d’un confrère. Avocat n’était pour lui ni un métier, ni un titre, mais un état. Il était aussi un confrère caustique. Il n’y allait pas toujours avec le dos de la cuillère. Bien qu’ayant un grand sens de la confrérie, il était souvent moqueur, mais jamais mali- cieux et savait être léger avec beau- coup de profondeur. Il était d’ailleurs capable de se mo- quer de lui-même. Il avait le verbe piquant. Il était taquin. Il usait d’un humour acide mais jamais blessant Ce n’était pas quelqu’un de super- ficiel. Il était ouvert et même très attentif aux autres, et il est vite de- venu un personnage incontournable du barreau. CHOUBERGEL(Lissime) MICHEL-ROGER BERGEL : COPAIN D’ABORD UN CONFRÈRE, UN AMI, AUX QUALITÉS INOUBLIABLES L’impressionnante cohorte de confrères présents aux obsèques deMichel- Roger Bergel, à l’église du Sacré-Cœur deMarseille, témoigne du respect professionnel et de l’affection que celui-ci a inspiré à bon nombre d’entre nous. Voici les quelques mots de ses copains de promo, prononcés à ses obsèques par Prosper Abega.

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