JDB_N3_2022_WEB

55 | JDB MARSEILLE 3 / 2022 demandé de rejoindre son cabinet qui deviendra plus tard le cabinet Vidaparm. Dansquelsdomainesd’activitéavezvousexercé ? J ’ a i repr i s l e content i eux c i v i l jusqu’alors suivi par François Vidal-Naquet : assurance, fonds de garantie, protection juridique et baux et ce pendant plus de 20 ans. Le droit des assurances était pour moi un domaine d’activité passionnant. S’agissant des dossiers de protection juridique, cela reste très intéressant puisque l’on peut toucher à tout type de contentieux ; c’est en revanche, soyons réaliste, bien moins intéressant sur le plan de la rémunération. Mon client « phare » reste je pense le Fonds de Garantie auquel j ’ai consacré beaucoup de temps et j’ai eu la satisfaction de voir notre cabinet choisi pour suivre les dossiers en appel : un gage de confiance. Je tiens quand même à alerter les jeunes avocats sur ce que l’on appelle « le client institutionnel ». C’est une sécurité qui a cependant ses limites. Dernier exemple en date : l’année du Covid a été très dure puisqu’avec ce type de clientèle, nous sommes payés au jugement. Je vous laisse imaginer ce qu’il n’en a été pendant cette période qui a commencé avec la grève des avocats et s’est poursuivie avec le confinement et une perte d’activité judiciaire de presque un an. Il a fallu un an pour que ça reparte. C’est donc une chance d’avoir ce type de clientèle mais c’est aussi une pression permanente. Quelques souvenirs ànous fairepartager ? Une impression tout d’abord : lorsque j’ai débuté, il y avait un véritable respect des anciens : on les côtoyait en permanence à la barre. Certes ils ne nous faisaient pas de cadeau mais s’il y avait un problème ils étaient toujours là pour nous conseiller et nous guider. Quand j’ai prêté serment nous étions environ 500 confrères. C’était donc sûrement plus facile de se connaître et de s’apprécier, toutes générations confondues. Peut être que les jeunes avocats d’aujourd’hui parleraient de paternalisme. Je préfère, quant à moi évoquer une confraternité bienveillante. Des anecdotes ? Il y en a eu beaucoup, forcément en 42 ans. Je peux peut être évoqué ma première plaidoirie à la Cour d’appel. Je m’avance à l’appel des causes et le président dit à l’avoué « Vous n’allez pas plaider ÇA ? ». Or mon maître de stage m’avait bien dit, comme à son habitude « C’est un dossier qui ne se perd pas ! ». L’avoué a regardé le président et lui a dit « Vous ne pouvez pas lui dire ça, elle vient pour la première fois devant la Cour, elle doit plaider son dossier ! » Et le président m’a alors indiqué que la Cour aurait plaisir à m’entendre... J’ai bien évidemment perdu. Mais j’avais plaidé ce dossier imperdable. Ce l a m ’ amène à regret ter que les rapports avec les magistrat se soient dégradés. Je regrette le temps où l’on pouvait rencontrer facilement l e s ma g i s t r a t s . Maintenant on se heurte à un guichet. Mais cela n’enlève rien, heureusement, à l’amitié très forte qui me lie à certains d’entre eux. De façon générale le barreau m’a apporté de bel les amitiés, de beaux souvenirs, et même un époux. Cependant je ne peux pas ne pas évoquer l’assassinat de mon amie Raymonde Talbot associée de mon époux Jean Wilkin.

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