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HISTOIRE & MÉMOIRE DU BARREAU 54 | JDB MARSEILLE 3 / 2022 Après 42 années de barre, Maître Mireille Mouren a décidé de raccrocher la robe. L’occasion pour le journal du barreau d’aller à sa rencontre afin de (re)découvrir son parcours professionnel et de partager sa très riche expérience. Interview de Maître MIREILLE MOUREN PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE GAUTIER ET JEAN-BAPTISTE BLANC Bonjour Mireille, peux-tu nous rappeler tonparcours ? J’ai exercé le métier d’avocat pendant 42 ans. Pour autant, je dois vous avouer que ce n’était pas vraiment une vocation. A l’origine, je voulais faire des études de lettre pour devenir archéologue. Mais i l fal lai t al ler à Par is, et à l’époque ce n’était pas si facile, surtout pour une jeune fille de 17 ans. Et finalement, mon père, qui était juriste, m’a vivement conseillé d’aller faire du droit. J’ai donc prêté serment en 1979, à seulement 22 ans et demi, ce qui se faisait à l’époque car il y avait un parcours universitaire moins long. Il n’y avait pas d’école d’avocat, on devait trouver un maître de stage et dès le lendemain on allait plaider les dossiers qu’on nous donnait. On était lancé dans le vide, mais on avait un tuteur. L’école des avocats on la faisait sur le tas et on apprenait tout, très rapidement, par nécessité. J’avais la trouille au ventre quand j’allais plaider, surtout à la Cour d’appel et ce qui me faisait tenir au tout début de mon exercice, c’était de pouvoir me dire « dans deux heures c’est fini et je suis sur le trajet du retour ». Je suis restée six ans collaboratrice avec Jean-Claude Bensa et Gilles Delorme. J’ai ensuite travaillé trois ans avec François Vidal-Naquet. C’était un personnage étonnant, un fichu caractère mais un homme plein de chaleur et de gentillesse. J’ai travaillé aussi avec Gilles Boutière, la dernière année de sa vie. Une belle leçon de courage et de dignité ! Puis je me suis associée avec Gilles Delorme quelques années avant de retourner en collaboration au cabinet Scapel où je suis restée six ans. J’ai ensuite travaillé trois ans au cabinet Bollet où j’ai noué des amitiés durables avec notamment Henri Bollet, Isabelle Thibaud et Yves Armenak. Enfin, quand François Vidal-Naquet a décidé de prendre sa retraite il m’a [ Je regrette le temps où l’on pouvait rencontrer facilement les magistrats. Maintenant on se heurte à un guichet.]

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