JDB_N3_2022_WEB

DOSSIER | RENTRÉE SOLENNELLE / 24 JUIN 2022 Monsieur le bâtonnier, Monsieur le président duConseil national des barreaux, Monsieur le bâtonnier élu, Mesdames et Messieurs les bâtonniers, chers avocates et avocats, Mesdames, Messieurs en vos grades et fonctions, Que le président du tribunal judiciaire prenne la parole à l’occasion de l’audience de rentrée du barreau de la même manière que le bâtonnier le fait lors de l’audience de rentrée de la juridiction, usage très rare en France, est sans doute le symbole le plus fort de la qualité du dialogue « avocats-magistrats » entretenu depuis toujours à Marseille. Et avoir choisi de renouer avec une ancienne tradition, Monsieur le bâtonnier, en l’organisant à nouveau sur le site historique du Palais Monthyon après deux années de crise sanitaire au cours desquelles cet événement essentiel à la vie du barreau a été supprimé, renforce encore aujourd’hui ce beau symbole d’unité judiciaire. Pourtant, nous le savons, des tensions entre nos professions se manifestent de plus en plus souvent depuis quelques années. Le Conseil consultatif conjoint de déontologie de la relation avocats-magistrats a dressé la liste des causes ayant profondément nui à nos relations et il vient de rendre ses préconisations pour les améliorer. Parmi ces causes, le Conseil cite : • La réorganisation du quotidien des palais de justice, d’où ont progressivement disparu les espaces communs de convivialité et d’échanges, • La diminution des contacts entre les deux professions, faisant évoluer magistrats et avocats dans deux univers distincts, • L’accroissement sensible du nombre d’avocats, huit ou neuf fois plus élevé que celui des magistrats, • Le volume de dossiers à traiter pour les magistrats et les greffes, facteur de tension qui crée parfois de l’incompréhension, de l’impatience, de la précipitation, • La dématérialisation des procédures, • L’accroissement de la mise en cause des magistrats, amenant ces derniers à craindre davantage l’apparence de partialité, • Un recul des règles de courtoisie à l’audience, • Le développement de stratégies de rupture adoptées par la défense, parfois jusqu’à l’incident, • La prolifération normative et la complexification des procédures qui rendent plus délicat l’exercice par les magistrats et les avocats de leurs missions et sont susceptibles d’être sources de tensions entre les professions, • Et enfin, le déclin de ce que nous appelons depuis des siècles la « foi du Palais » OLIVIER LEURENT PRÉSIDENT DU TRIBUNAL JUDICIAIRE DE MARSEILLE 24 | JDB MARSEILLE 3 / 2022

RkJQdWJsaXNoZXIy MTg0OTA=