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Petit précis d’un avocat bien dans son époque post-covid C’est parce que nous sommes dans un tunnel de privations, de doutes et de craintes depuis plus d’un an que nous peinons à voir les signaux positifs qui nous entourent. Le monde a été à l’arrêt et pourtant il n’a ja- mais autant évolué. Avez-vous remarqué que toute une nouvelle économie s’est déve- loppée en un temps record ? Il y a quelques années, on nous imposait presque une start’up nation qui divisait la population en deux catégories : les start’upeurs avec leurs pro- jets connectés qui devaient révolutionner la planète et laTPE provinciale « classique » assimilée à l’ancienmonde. Ce clivage a créé une défiance entre ces deux modèles antinomiques. La Covid aurait pu accentuer ce clivage et creuser davantage les écarts entre ceux qui avait pris le train de la Start’up nation et ceux qui étaient restés à quai. Mais au contraire, nous avons réalisé que la rentabilité n’était plus le seul point d’orgue de notre économie et que l’impact et la durabilité étaient aussi des critères fondamentaux. Le monde confiné s’est transformé et a opéré une révolution sur une période très courte, la digitalisation s’est accélérée tout en privilégiant une économie circulaire et éthique. La Covid a certes profité à Amazon et Uber, mais a également permis de créer des circuits courts en faisant émerger des petits commerces locaux qui ont envahi lemarché poussés par un vent demade in France. Et nous dans cemonde, qui sommes-nous ? Notre rôle est avant tout de répondre à l’accroissement phénoménal des besoins juridiques que ces évolutions ont engendrés, car le droit est le vecteur indispensable d’un rebond sociétal qui sera plus vert, plus éthique et plus numérique. La déontologie est une valeur qui est ancrée dans notre corps, nous la connaissons, la respectons et savons à quel point elle est la garante de notre système. Nous étions donc déjà dans le monde d’après qui évolue vers un paradigme toujours plus éthique et raisonné. Le droit n’est pas qu’une contrainte produisant des règles justes, il est également là pour ac- compagner les pratiques et les évolutions qui s’imposent à nous. Voilà plusieurs années déjà que le barreau de Marseille a organisé des colloques sur la responsabilité sociétale des entreprises ou encore sur le rôle de l’avocat en matière d’environnement et de climat mais jamais toutes ces aspirations n’ont eu autant de sens qu’aujourd’hui. Être un avocat conquérant c’est prendre conscience que ces transitions sociétales ne pourront passer que par des transitions juridiques que nous seuls maîtrisons à la perfection. Pour vous en convaincre, prenez l’exemple de « l’affaire du siècle » qui a posé le droit comme solution aux défis climatiques. * Être un avocat optimiste, c’est croire que nous pouvons être les pionniers dans la conquête de nouveaux domaines d’activités juridiques. Le monde du travail tend à la réalisation de tâches effectuées par des prestataires. Est-ce que cela crée de l’instabilité ? Oui, c’est d’ailleurs une mauvaise nouvelle si l’on reste figé dans le monde d’avant, mais c’est une bonne nouvelle dans le monde d’après, car sans avocat il n’y a pas de fluidité dans les rapports économiques et dans l’accomplissement de ces nouvelles tâches. Êtreunavocat dynamique, c’est penser collectif tout en créant ses propres opportunités. Je comprends les inquiétudes ; optimiste ne veut pas dire naïf, il est certain que nous ne pourrons pas tous devenir des avocats ul- tra-digitaux et connectés, mais nous sommes tous en capacité de nous emparer des innovations d’usage pour mieux conseiller et défendre nos clients. Ladigitalisationde l’avocat conquérant doit êtrebaséesur l’humain, en prenant le meilleur de cette transition numérique comme une chance de remettre au cœur du réacteur judiciaire les justiciables, les avocats, les magistrats, les greffiers et toute la famille judiciaire. L’avocat conquérant du monde post-Covid est celui qui saura maintenir la confiance que les justiciables nous accordent en étant acteur de notre évolution. C’est cette ambition qui anime chaque jour le barreau de Marseille et c’est pourquoi je travaille avec les membres du Conseil de l’ordre à ce que l’avocat marseillais devienne un avocat conquérant, bien dans sa robe et son époque. JEAN-RAPHAËL FERNANDEZ BÂTONNIER * ( Réf. Article deMadame le bâtonnier GenevièveMaillet : Une bombe verte : « L’affaire du siècle » p 37 du JDB 1Marseille 2021) 5 | JDB MARSEILLE 2 / 2021 LE MOT DU BÂ- TONNIER ÊTRE UN AVOCAT CONQUÉRANT ET OPTIMISTE

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