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29 # N1 201 9 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE DOSSIER AMÉLIE BOIC JURISTE AUX USA Après 3 années passées dans un cabinet inter-barreaux spécialisé en droit maritime et des transports, et avoir obtenu le statut de résident permanent des États- Unis, j’ai quitté le barreau de Marseille pour m’installer outre-Atlantique, plus précisément, à New York. Grâce au réseau que j’ai commencé à constituer il y a 5 années, lors d’un stage réalisé dans le cadre de la formation dispensée par l’École des Avocats, j’ai eu l’opportunité de rejoindre en août 2017, un cabinet spécialisé dans cette matière, en qualité de « Law As- sistant », dans l’attente d’obtenir mon barreau. Pour devenir avocat au barreau de New York, les avo- cats d’un barreau étranger, doivent, à minima justifier d’un LLM reconnu par l’American Bar Association, et réussir ensuite l’examen du prestigieux barreau New Yorkais, outre remplir des conditions de citoyenneté américaine, résidence permanente ou de visa. Le système juridique américain peut se révéler complexe puisque le droit Fédéral américain (Federal Law) coha- bite avec un droit propre à chaque État (State Law). Ayant une expérience professionnelle de plus de 10 années en droit maritime et des transports, je suis rôdée au maniement des conventions internationales et me familiarise de plus en plus avec le droit Fédéral intéressant “ma” matière, dont l’introduction a été faite au cours de mon stage. Cette combinaison de facteurs a grandement contribué à mon recrutement par les associés de mon cabinet, prêts à laisser leur chance à l’un de leurs homologues français. Se constituer un bon réseau professionnel est fonda- mental aux États-Unis. Travailler au sein d’un cabinet américain est une expérience unique et très enrichis- sante, permettant de s’ouvrir à un système juridique très différent de celui français et de sortir de sa zone de confort ; ce qui peut parfois présenter des diffi- cultés, mais se révèle totalement exaltant. C’est une expérience que je ne peux que recommander” . JULIETTE MICOINE AVOCATE, COLLABORATRICE Barreau de Nouméa « Je me présente, je suis avocate au barreau de Nouméa ». Je me souviens en- core du rire de la greffière du tribunal de grande instance de Paris à l’annonce de ces mots au téléphone, et de son ton soudainement radouci : « Alors ça, c’est exotique ! » En réalité, soyons honnêtes, ce n’est pas exotique tous les jours. Au lieu d’un bikini, nous revêtons les mêmes robes qui tiennent trop chaud, au lieu d’un ukulélé, nous enten- dons la même sonnerie stridente pour annoncer l’en- trée du tribunal, et au lieu de travailler les pieds dans l’eau, nous rencontrons nos gardés à vue dans le même type de salles lugubres, après avoir lutté sans succès pour obtenir la copie complète de leur dossier. Mais, nous les avons, ces moments pittoresques. Plaider sur une île loyauté, perdue au milieu du lagon, devant un juge sous la robe duquel on aperçoit distinctement un short et des tongs, pour débattre de la possibilité d’identifier la date d’abattage d’une chauve-souris congelée, ce fut mon moment d’exo- tisme à moi. Plaider la cause d’un club de foot tribal, recevoir une citrouille d’une dizaine de kilos en remerciement, ou parcourir les lieux d’une expertise à l’arrière d’un quad tranche agréablement avec les affaires de droit com- mun pour créer un quotidien d’avocat calédonien. On ne plaide pas « des litiges entre noix de coco », comme a pu le suggérer avec ironie un confrère mé- tropolitain à l’un des membres de mon barreau. Mais nos plaidoiries ont parfois la petite touche de sucre de canne qui leur donne ce goût d’exotisme. Regards croisés sur la profession d’avocat

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