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24 # N1 201 9 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE Dans le cadre de la revue des avocats menacés à travers le monde, quel exemple que la pugnace Nasrin Sotoudeh, avocate des droits humains en Iran. « Lorsqu’un avocat assiste à un pro- cès inéquitable, ou à l’exécution d’un mineur, il doit ou bien leur tourner le dos, ou bien faire face au problème. Je pense être entrée dans la mouvance des droits humains le jour où j’ai dé- cidé de ne pas fuir ces enjeux ». Journaliste de formation, Nasrin Sotoudeh se tourne vers le droit pour mener ses combats à la barre en assurant les droits de la défense et rappeler sans cesse aux autorités iraniennes leurs engagements pris par la ratification le 24 juin 1975 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Elle défend la li- berté d’expression des opposants politiques et journalistes, les droits des femmes et les droits de la dé- fense et combat la peine de mort, notamment pour les mineurs. Pour sa défense des figures de l’opposition du Mouvement Vert 1 , Nasrin Sotoudeh est in- carcérée en 2010 à la prison d’Evin. Elle est condamnée à onze ans de prison pour « propa- gande et complot en vue de nuire à la sécurité de l’état », assortie d’une interdiction d’exercer pendant 20 ans et d’une interdiction de sortie du territoire jusqu’en 2022. Lauréate du prix Sakharov en 2012 et soutenue par la commu- nauté internationale, le régime iranien cède et réduit sa peine de prison permettant sa libéra- tion en 2013. Parvenant à réduire l’interdiction d’exercer de 20 ans à 9 mois, elle reprend im- médiatement son combat. Début 2018, elle assure la défense des femmes manifestant contre l’article 638 du Code pénal islamique prévoyant une amende ou une peine de 10 jours à deux mois d’emprisonnement pour celle qui ne porterait pas le voile islamique en public. Après avoir manifesté pacifiquement et enlevé leur voile en signe de protestation, ces militantes sont poursuivies pour « acte de péché » ou « encouragement à l’immoralité ou à la prostitution », délits pour lesquels elles en- courent jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Fervente défenseure des droits de la défense, elle dénonce également l’article 48 du code de procédure pénale limitant l’accès à un avocat dans certaines procédures liées à la sécurité nationale 2 . Le 13 juin 2018, Nasrin Sotoudeh est arrê- tée et incarcérée sans procès. Elle a appris sa condamnation en 2015 par contumace pour une peine de 5 ans de prison pour « espionnage clandestin ». Malgré le soutien de la commu- nauté internationale , elle demeure incarcérée, victime de détention arbitraire, sans procès équitable et contradictoire, du fait de l’exercice de sa profession. Le SAF apporte son soutien à Nasrin Sotoudeh, consœur en- gagée dans la lutte pour les droits humains, mais aussi le symbole de la répression du régime iranien. Ses combats juridiques face à la répression iranienne illustrent le rôle de l’avocat dans la société dé- mocratique et la nécessité de ne jamais se taire pour la lutte pour les droits fondamentaux des citoyens face à la répression étatique. 1. Soulèvement pacifique suite aux élections de 2009 ayant conduit à la réélection d’Ahmaninedjad 2. L’article prévoit l’établissement d’une liste restreinte d’avo- cat, établie par le pouvoir judiciaire, 20 avocats pour la pro- vince de Téhéran pour 20000 avocats au barreau Nasrin Sotoudeh :avocate de combat SAF MARSEILLE 2 Place de la Corderie 13007 Marseille Tél : 04.91.33.34.01 Fax : 04.91.54.09.98 saforg@orange.fr Le 13 juin 2018, Nasrin Sotoudeh est arrêtée et incar- cérée sans procès. Elle a appris sa condamnation en 2015 par contumace pour une peine de 5 ans de prison pour « espionnage clandestin ». LA PAROLE AUX SYNDICATS

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