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COMMISSION DU JEUNE BARREAU

Journal du Barreau de Marseille

numéro 3 - 2016

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Également, la procédure de changement de prénom se-

rait simplifiée : plus de saisine du juge aux affaires fami-

liales, il suffira pour le justiciable d’adresser une demande

à l’officier d’état civil de son lieu de naissance ou de son

domicile et celui-ci ne saisira le procureur de la répu-

blique pour avis que lorsqu’il estimera que cette demande

ne revêt pas un intérêt légitime (article 18 quater du pro-

jet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle).

Suppression de l’homologation judiciaire des me-

sures proposées par la commission de surendet-

tement de la Banque de France

Le Code de la consommation serait modifié afin de sup-

primer l’étape d’homologation judiciaire des mesures

proposées par la commission de surendettement. Le juge

n’interviendrait plus qu’en cas de contestation de ces me-

sures (article 18 sexies du projet de loi de modernisation

de la justice du XXIe siècle).

Abandon de la collégialité systématique de l’ins-

truction

L’affaire d’Outreau avait conduit à l’adoption de la loi n°

2007-291 du 5 mars 2007 pour l’équilibre de la procédure

pénale exigeant une « collégialité de l’instruction obliga-

toire et systématique ». Mais, faute de moyens humains,

les dispositions relatives à la collégialité de l’instruction

devraient définitivement disparaître (article 14 bis du pro-

jet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle).

Les décisions essentielles de l’instruction seront prises à

chaque fois que cela apparaîtra justifié, par une formation

collégiale composée de trois juges d’instruction. Cette col-

légialité n’interviendra qu’à la demande des parties ou

des magistrats, lorsque ces derniers l’estimeront néces-

saire, et elle ne portera que sur les phases de l’instruction

justifiant effectivement qu’une décision soit prise par un

collège de trois juges.

Fusion des tribunaux des affaires de sécurité so-

ciale et des tribunaux de l’incapacité

Les contentieux traités aujourd’hui par les tribunaux des

affaires de sécurité sociale et les tribunaux de

l’incapacité seront fusionnés, de même que les

litiges relatifs à l’aide à l’acquisition d’une com-

plémentaire santé et à la couverture maladie

universelle complémentaire traités par les com-

missions départementales d’aide sociale. Tout

ce contentieux, désormais unifié, sera traité par

le pôle social du tribunal de grande instance de

chaque chef-lieu de département. L’appel de

ces décisions relèvera des chambres sociales

des cours d’appel (article 8 du projet de loi de

modernisation de la justice du XXIe siècle).

Extension de l’action de groupe

Dans sa nouvelle mouture, le projet de loi

étend l’action de groupe aux domaines de la santé pu-

blique, de l’environnement et des atteintes aux données

personnelles protégées par la loi informatique et liberté

du 6 janvier 1978 (article 19 du projet de loi de moderni-

sation de la justice du XXIe siècle).

Contraventionnalisation de certains

délits routiers

Outre la création d’un délit autonome de conduite en fai-

sant usage d’un faux permis qui serait puni de 5 ans

d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, il serait

créé une « procédure d’amende forfaitaire applicable à

certains délits » (articles 15A, 15 bis A et 15 bis B du projet

de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle). Cette

nouvelle procédure permettrait l’extinction de l’action pu-

blique par le paiement d’une amende forfaitaire pour cer-

tains délits. Cette amende dont le montant devra être

prévu par la loi pour les délits concernés pourra être

payée directement aux policiers au moment de la verba-

lisation et serait alors minorée. Un recours sera possible

auprès du procureur de la république. Cette procédure se-

rait exclue lorsque l’auteur de l’infraction est un mineur,

qu’il y a récidive ou enfin que plusieurs infractions sont

constatées dont l’une pour laquelle ce type de procédure

n’est pas possible. Les deux premiers délits auxquels cette

procédure serait applicable seraient celui de conduite

sans permis et celui de conduite sans assurance.

Si le garde des Sceaux ne nie pas l’apparence d’un texte «

fourre-tout » (1), il insiste sur le fait que ce projet de loi est

le fruit de ce que Paul Valery appelait « la coopération des

esprits ». L’avenir nous le dira.

1. Intervention de Monsieur Jean-Jacques Urvoas du 17 mai

2016 devant l’Assemblée nationale, Discussion en séance

publique du Projet de loi de modernisation de la Justice

du 21e siècle.